mardi 22 janvier 2019

Ma soeur, Pierrette, Soeur Pierre-Marie

Ma grande sœur

Elle est partie, ma sœur, ce matin, ce jeudi matin plein de givre à 5h du matin, ce jeudi ensoleillé dans la journée. Nous sommes jeudi 17 janvier. Hier, le SAMU et l'hélicoptère blanc l'ont emportée au CHU de l'hôpital Nord de Saint-Étienne. Quand, je suis arrivée à 5h, Audrey, l'infirmière m'a permis de rentrer en réanimation. Je l'ai vue, respirant tranquillement avec sa machine. Je lui ai dit de me serrer la main très fort, d'ouvrir les yeux. Il me semblait percevoir un mouvement, mais, sans aucun doute, c'est parce que je le voulais très fort. Elle est partie au scanner et quand elle est revenue, la mort cérébrale a été confirmée.
Et puis, une cadre de santé est venue me parler de dons d'organes. Pierrette était en parfaite santé et je savais qu'elle était d'accord. J'ai tout de suite dit oui, mais il fallait en parler aux frères et sœurs. Mon fils a dit tout de suite que c'était le plus beau cadeau qu'elle ait réalisé. Il était très content, réagissant en parfait scientifique, empreint d'humanisme.
Les émotions qui nous ont envahis, mes enfants et moi, ont été redoutables. Le chagrin est là, tapi tous les jours, dès le matin. Ce chagrin rappelle les anciens chagrins de mes 20 ans et de l'année 1998.

Voici son dernier message et sa dernière photo d'anémones du Japon envoyés pour son anniversaire le 09.01.2019

                                

C’est avec les fleurs de l’automne
que je  vous dis merci
 devant la façade de la maison….
Il y a sûrement
80 boutons de fleurs!!!
Et autant de bises…
Bonne rentrée et belle année.
Je vous embrasse.
Pierrette.


Messe du samedi 19 janvier 2019. Sœur Pierre-Marie, Pierrette, Marie, Rose.

Pierrette, la semaine prochaine, Maman devait passer une journée avec toi à Monistrol. Désormais, ni à Monistrol, ni à Lyon, ni en Drôme, ni ailleurs,  vous ne pourrez  plus échanger des nouvelles de nos familles de la Haute-loire ou de vos amis communs de Lyon. Tu t’intéressais beaucoup à l’actualité lyonnaise, aux divers projets et expositions dans la ville et elle t’en tenait informée. Vous partagiez aussi  lectures, power-points, photos, promenades. Très attachée à ta communauté, tu lui parlais souvent des sœurs et nous les remercions car elles t’entouraient toujours avec affection et bonté.
Toi qui aimais les fleurs et les fruits, nous n’oublierons jamais que tu  as particulièrement agrandi notre collection de pivoines dans notre jardin en Drôme. Tu as multiplié nos rosiers avec une habileté incroyable, tu nous as aidés à implanter des fleurs rares et variées, fleurissant, en toutes saisons, sans apport d’eau autre que l’eau du ciel de printemps et d’automne. Pivoines, rosiers, anémones du Japon, framboisiers, figues te survivront et nous rappelleront  ton souci de prendre soin d’un beau jardin comme on prend soin de soi.  Tu disais ne pas aimer faire la cuisine, et pourtant, tu réussissais à merveille le tiramisu aux fruits rouges pour toute une tablée.
Maman n’oublie pas non plus ton travail de professeur. Elle reste encore aujourd’hui, étonnée et toujours admirative du plan toujours parfait  de tes cours, de tes synthèses redonnant l’essentiel dans une écriture belle et équilibrée, à l’époque où  les ordinateurs n’étaient pas encore développés. Synthèses très utiles quand elle n’avait ni  le temps ni l’envie de travailler ses  cours. Oui, elle pense encore aujourd’hui,  que tu l’as formée au raisonnement scientifique, à la méthode scientifique,  ce qui lui a été très utile par la suite.
Nous  n’oublierons jamais ta présence à nos côtés et tes encouragements dans les difficultés de la vie. Attentive aux autres, respectueuse de la parole donnée, fidèle à la foi chrétienne et à la spiritualité ignacienne, nous avons eu une grande chance de vivre à tes côtés. Pour tous ces cadeaux, merci beaucoup.
Il nous reste, désormais, à être à la hauteur du chemin que tu as tracé. Pierrette, tu viens de terminer  tes 4x20 ans de vie comme tu as conduit ta vie, infatigable, avec le souci du travail bien fait et rapidement bien fini, en donnant encore et toujours, tambour battant. Et, pour finir, nous t’accompagnons, maintenant, sur le lieu de ton repos bien mérité.
Et, Pierre-Alban, qui n’a pas pu venir aujourd’hui mais qui s’unit à nous tous,  a voulu ajouter à ce texte : «  Pierrette, comme tu le disais toujours en partant : "grosses bises !!!" »
Agnès, sœur de Sœur Pierre-Marie  et ses enfants : Pierre-Alban, Evan, Emmanuel.

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