La parole
La parole est liée au souffle. La vie est est une infinité de souffles, de va et vient, de flux et de reflux, d'inspirs et d'expirs plus ou moins perceptibles. Le souffle de la terre qui fait émerger lentement les minerais si précieux pour la vie des hommes, les diamants si éblouissants. Et parfois, le souffle des entrailles de la terre devient volcan, séisme. Le flux et le reflux de la mer apaisant peut s'emporter jusqu'à la houle débordante et le tsunami ravageur. La feuille ondule sous le vent, parfois, le temps sans vent est suspendu et parfois la bourrasque, la tempête se déchainent jusqu'au cyclone. Les saisons se succèdent...
La parole est souffle de vie.
La parole est le souffle du réel. Elle dit, raconte, définit ce réel et les émotions qui vont avec. Sans émotions, l'univers et les hommes existeraient-ils? "La rose est sans pourquoi, elle fleurit parce qu'elle fleurit." dit Angelus Silesius. Qui sait? L'élan vital de la rose la pousse à fleurir. Nous savons mieux au XXIème siècle que les plantes, arbres, fleurs ont un génie naturel, un langage. Elles fuient certains endroits, elles se plaisent éperdument dans d'autres. Regarder un jardin avec attention, humilité, nous apprend son langage. Le jardin est notre enseignant. Je suis toujours étonné par le fait que les fleurs sont apparues quelques 250 millions d'années après les plantes.
Le jardin ne se décrit pas, il nous désarme, il se donne à voir, et nous, humains, issus de l'humus, nous le racontons par nos récits. Nous en donnons des représentations. Il en est de même de nos jardins intérieurs qui ne demandent qu'à s'ouvrir par la parole, par le souffle de nos esprits. Le récit est une passerelle entre nos pensées et le réel, entre nos émotions issues du contact avec le réel. Le récit complète nos vies, surmonte nos ambiguïtés, sublime la réalité. Notre récit devient jardin, on aime à s'y promener, à l’arranger, à le construire. Le langage verbal est récit mais la peinture, la sculpture, la cuisine, et tout travail manuel, scientifique, intellectuel sont aussi langages.
Tout langage est témoignage subjectif.
La mort
Le récit ultime à la mort d'un être cher nous fait changer de direction. Témoignage subjectif, unique à partir d'une réalité objective, brutale, tragique. Raconter l'évènement de la mort d'un proche nous permet d'extérioriser notre douleur, notre souffrance en évitant le repli sur soi. La mort nous interroge, nous fait descendre de nos piédestals, et nous oblige à la responsabilité. Parler de notre cher disparu le rend vivant pour les générations futures.
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