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mardi 20 avril 2021

Lettre du parrain de mon père envoyée depuis FORT-BOYARD en chine Kouang-Tchéou-wan

 Lettre de Auguste Gauthier, agé de 54 ans

parrain de mon père Pierre Gauthier agé de 14 

ans envoyée depuis FORT-BOYARD en Chine Kouang-Tchéou-wan

Fort-Boyard le 09.01.1922

lettre 09011922 Chine.pdf 



 Lettre très émouvante d'un parrain au bout du monde, en Chine, Pakhoï,  Auguste Gauthier à son filleul Pierre Gauthier de 14 ans .

https://www.irfa.paris/fr/rechercher 

archives d'Agnès Gauthier (épouse Gouy) petite-nièce de Monseigneur Gauthier, habitant Lyon. Pierre Gauthier est mon père. (1908-1998)


[ 2105 ] GAUTHIER Auguste (Mgr)


Vicaire Apostolique de Pakhoi.


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Auguste GAUTHIER fils de Marius et de Virginie Breysse, naquit le 26 mai 1868, au village de Monteil, commune de Saint-Haon, canton de Pradelles, diocèse du Puy-en-Velay, département de la Haute-Loire. Il avait à peine quatre ans, quand il perdit son père âgé de vingt-huit ans. Sa mère se remaria, son beau-père fut très bon pour lui et pour ses deux frères. Il commença ses études primaires à l'école du village, les continua à Saint-Haon, au pensionnat de Paradis, et suivit le cycle secondaire au petit séminaire de la Chartreuse.

Le 12 septembre 1890, il entra laïque au séminaire des Missions Etrangères. Tonsuré le 27 septembre 1891, minoré le 24 septembre 1892, sous-diacre le 15 octobre 1893, diacre le 17 février 1994, il fut ordonné prêtre le 1 juillet 1894, et reçut sa destination pour la préfecture apostolique du Kouang-tong, qu'il partit rejoindre le 15 août 1894.

Vers la fin de novembre 1894, M.Auguste Gauthier arriva dans sa mission. Mgr. Chausse, préfet apostolique, l'envoya à Ko-chaw, où sous la conduite de M. Fleureau, il acquit une bonne connaissance de la langue, ce qui lui permit de devenir plus tard, un des meilleurs sinologues de la mission. Il fonda la chrétienté de Nam-fu-tong, tout près de cette ville, la dota d'une chapelle et d'une résidence.

En 1896, M. A.Gauthier fut mis à la tête du district de Mao-meng, voisin de celui de Sun-i, confié à M.Le Tallandier, dans la sous-préfecture de Ko-chaw. Malgré les brigands et les troubles qui agitaient la région, il baptisa 60 adultes. Vers 1898, il créa le poste missionnaire de Yeung-Kong, un territoire infesté de voleurs, et de pirates et englobant les trois arrondissements de Yeung-Kong, Yeung-tchan et Tin-pak .\ J'entrais dans la ville de Tin-pak, écrit il dans son long compte-rendu de 1899, tout le monde criait: "Mort au diable d'étranger!" L'auberge où je m'arrêtai fut aussitôt envahie par une foule compacte dont les paroles n'étaient rien moins que sympathiques.." Malgré cela, il réussit à se faire accepter, se conciliant les esprits les moins bien disposés. En 1902, il déclarait vivre en bon termes avec les mandarins du pays. Dans le voisinage immédiat de la ville de Yeung-Kong, iI construisit chapelle et résidence convenable. Le 27 mai 1900, à Pok-lo, il prit part à la cérémonie de la translation dans un nouveau cercueil, des restes mortels de M.Chanès, son compatriote, tué à Pak-tong le 14 octobre 1898. En juillet 1900, malade, il alla se reposer à Béthanie. Son district ne souffrit pas trop, lors de la révolte des Boxers. Durant l'exercice de 1902, il baptisa 130 adultes.

Peu d' années plus tard, nommé directeur de l'orphelinat des jeunes filles et supérieur au Collège du Sacré-Coeur à Canton, M. Auguste Gauthier fit de ce dernier établissement récemment fondé, un des meilleurs centres scolaires de la ville. Il comptait quelques 240 élèves en 1908.

En 1909, M.Auguste Gauthier chargé de Shun-tak, chrétienté vieille de trois cents ans au sud de Canton, éleva une chapelle à Tai-Leung, craignant toutefois que la persécution ne disperse les chrétiens de Mat-saï. Pour stimuler la ferveur de ses fidèles, il établit diverses confréries dont celle du Rosaire. Parlant parfaitement la langue, bien au courant des us et coutumes, d'une politesse exquise, il eût de bons rapports avec les autorités civiles.

Au début de 1911, répondant à l'invitation de M.Boulanger, et en accord avec Mgr. Mérel, M.Auguste Gauthier accepta la charge d'économe de la maison de Nazareth, tout en s'occupant de la petite paroisse chinoise qui regroupait surtout le personnel travaillant à Nazareth et à Béthanie. Pendant son séjour à Hong-Kong, il prit un congé en France, puis reprit ses fonctions ordinaires d'économe et de curé.

Le 28 avril 1916, Mgr. de Guébriant fut nommé vicaire apostolique de Canton. M.Auguste Gauthier vint se mettre à sa disposition, et il reçut la mission d'initier et de guider les premiers missionnaires des Missions Etrangères de Maryknoll qui venaient prendre en charge la région de Kong-moon (Jiangmen) jadis évangélisée par lui. Tout en s'adonnant à cette tâche, il reçut pour la seconde fois, la direction du district de Shun-tak.

En août 1920, la région s'étendant depuis la préfecture de Kocheou jusqu'aux frontières du Tonkin et l'île de Haïnan furent détachées du vicariat apostolique de Canton, et, en mai 1921, ce nouveau vicariat apostolique appelé "Kouangtong Occidental" fut confié à Mgr. Auguste Gauthier, évêque de Dobero, qui reçut la consécration épiscopale le 25 mai 1922, fête de l'Ascension, à la cathédrale de Hong-Kong des mains de Mgr.Pozzoni, vicaire apostolique de ce terrritoire, assisté de Mgr. Rayssac,vicaire apostolique de Swatow, de M.Fourquet, supérieur de la Mission de Canton. Le 1 juillet 1922, il fit son entrée officielle à Fort-Bayard, sa ville épiscopale, sur le territoire de la concession française de Kouang-tcheou-wan. C'est là que Mgr. Gauthier passa les trois premières années de son épiscopat. "In itineribus saepe" telle fut sa devise.

En novembre 1922, Mgr. Gauthier participa à Hong-Kong à la réunion des Evêques de la 5ème région de Chine, puis en mai-juin 1924, au "concile" de Shanghai. En 1923, les "Acta Sanctae Sedis" annoncèrent le transfert de la résidence du vicaire apostolique de Fort-Bayard à Pakhoi. Mais, en cette ville, la mission ne possédait pas les établissements nécessaires. Après de nombreuses négociations, Mgr. Gauthier réussit à acquérir l'ancien consulat de la Grande Bretagne à Pakhoi dont il fit son évêché, et où il s'installa le 1er février 1925. Mais il fallut tout construire et organiser: maison pour les missionnaires, séminaires, maisons de formation, et cela dans un climat de guerres civiles, de piraterie, de xénophobie, de grèves, de troubles suscités par le bolchevisme révolutionnaire et anti-religieux...

En 1922, la grande île de Hainan fut érigée en mission nouvelle confiée aux PP. Picpuciens. Le 30 novembre 1923, Mgr. Gauthier eût la joie de recevoir en cette île, les trois premiers pères de cette congrégation; cette même année, à l'issue de la retraite des prêtres chinois, à Fort-Bayard, il ordonna depuis le sous-diaconat jusqu'au sacerdoce ,Vincent Tsiu, premier prêtre autochtone du vicariat de Pakhoi.

Le 3 juin 1925, Mgr.Gauthier s'embarqua à Haiphong pour son voyage "ad limina". Son retour en Chine se fit via l'Amérique et le Canada où il se fit quêteur. Il arriva à Hong-Kong, le 14 juillet 1926, et enfin à Pakhoi pour la fête de l'Assomption. En novembre 1926, le départ pour la France de M.Grégoire fatigué, obligea Mgr.Gauthier à s'occuper personnellement des séminaristes, leur consacrant chaque jour trois heures de classe effective, en plus de la préparation des cours.

Accablé par des préoccupations de toutes sortes et le surcroit de travail, Mgr. Auguste Gauthier dût se rendre à Béthanie (Hong-Kong) pour se soigner, vers avril 1927. C'est là que le 12 mai 1927, un peu avant minuit, entouré de cinq de ses missionnaires et de tous les hôtes de Béthanie, décéda, atteint d'un cancer à l'estomac, le premier vicaire apostolique de Pakhoi.

Ses funérailles eurent lieu le 14 mai 1927. Le doyen des missionnaires de Pakhoi célébra la messe, l'absoute fut donnée par le vicaire apostolique de Hong-Kong. La dépouille mortelle de Mgr. Auguste Gauthier fut inhumée dans le cimetière de Béthanie.


Références biographiques

AME 1894 p. 196. 1900 p. 225. 228. 1922 p. 235. 1923 p. 38. 1925 p. 20. 85. 1926-27 p. 407. 1929 p. 56. 1936 p. 252. 1938 p. 6. 7. CR 1894 p. 304. 1895 p. 173. 1896 p. 146. 1897 p. 119. 1898 p. 128. 1899 p. 160sq. 1900 p. 130. 1901 p. 120. 121. 1902 p. 138. 1903 p. 128. 1904 p. 134. 139. 1907 p. 145. 1909 p. 135. 1910 p. 134. 1911 p. 67. 1919 p. 54. 1920 p. 38. 1921 p. 59. 1922 p. 72. 83. 87. 189. 1923 p. 91. 1924 p. 70. 1925 p. 80sq. 1926 p. 85. 202. 1927 p. 80. 81. 259. 1928 p. 173. 1929 p. 116. 1930 p. 300. 1932 p. 143. 388. 1934 p. 145. 1935 p. 102. 1937 p. 256. 1948 p. 160. 188. 199. BME 1922 p. 30. 65. 80. 85. 175. 240. 299. 309. 316. 375. 376. 439. 678. photo p. 366. 1923 p. 54. 122. 253. 381. 1924 p. 65. 183. 799. photo p. 445. 1925 p. 51. 170. 238. 304. 332. 434. 566. 786. 1926 p. 65. 163. 262. 511. 632. 1936 p. 896. 1937 p. 51. 254. 380. 1941 p. 184. APF 1927 p. 282. RHM 1926 p. 312. 462. 463. 1933 p. 39. MC 1927 p. 419. 1928 p. 249. EC1 N° 14. 49. 90. 94. 95. 99. 100. 101. 131. EC2 N° 190. 332.

Mémorial Mgr. GAUTHIER Auguste page 3 



 


lundi 1 mars 2021

15 jours en Gramatie en ce mois de février 2021

 15 jours en Gramatie en ce mois de février 2021

Mes deux zouaves, grands-enfants, trop drôles, très joueurs. J'espère qu'ils vont garder leur âme d'enfants.

Elle aime bien tous les nanimos et lui tous les navions! et une biquette angora risque de brouter leur future pelouse! Lilou capte aussi l'attention avec ses jolis yeux bleus et son poil gris chartreux. Laurie a des longs cheveux et me fait penser à ma maman qui avait deux grandes tresses qui faisaient le tour de sa tête. PA fait des tresses à Laurie et il y arrive bien. Leur bonne humeur et leur simplicité me ravissent. Et en même temps ce sont des intellos très pointus dans leurs domaines mais aussi capables de parler de géopolitique, de philosophie, de psycho....

Autoire

Nous sommes allés à Autoire voir la cascade. Magnifique et la rivière transformée en torrent. Près de la cascade on avait l'impression qu'un magnifique jardin avait été réalisé par un jardinier paysagiste alors qu'il est tout simplement naturel. Un monde fou de lotois ou touristes par ce beau temps en cette période de couvre-feu à 18H. Les rues moyenâgeuses du village ont été restaurées comme à l'époque, grâce au prix du parking. Une caverne d’Alibaba au centre du village regorge de spécialités aux noix, au foie gras...Plus loin, des champignons trônent devant une vitrine....

Les plantes comestibles dans les prés 

Quelle ne fut ma surprise de trouver quantité de  mâches que l'on appelle: "doucettes", dans la partie Est de la résidence! Et puis de nombreux poireaux perpétuels dans le pré au-dessous de Leclerc. Une vraie merveille.
A Rocamadour, les perce-neiges fleurissent les pentes avec quelques violettes et pervenches. Malheureusement, les boutiques sont fermées pour le plupart. Loin de la foule habituelle, quelques touristes se hasardent à monter les marches. Mais que c'est beau! 
Le sanctuaire est ouvert. Calme, silence, petites flammes qui portent la prière plus fidèlement que les personnes elles-mêmes, lueurs rouges signes de la Présence, statues diverses, reliquaire de Saint Amadour, Notre-Dame de Rocamadour vers laquelle de nombreux rois se sont déplacés pour l'implorer...

 
 


 


lundi 14 décembre 2020

Thèse en médecine de mon fils. Bonheur

 Thèse en médecine de mes fils. Bonheur

L'émotion qui remonte. Les flashbacks de 29 ans de vie intense.

Dès tes deux ans, déjà tu savais t'affirmer, comme le disait ta grand-mère: Rose ou Rosa. "Celui-là, il sait ce qu'il veut au moins."  Tu noues rapidement une forte relation avec ton frère PA de 2 ans et demi plus grand.
En maternelle, tu t'opposais tellement à la méthode imposée pour faire la sieste que tu me disais : "je veux rester à la maison avec toi, apprendre à lire, à écrire..." Nous avions conclu un deal. Des lettres, de la peinture, un peu de piano et beaucoup de bonne humeur, d'éclats de rire, de connivence. Rétrospectivement, c'eût été dommage d'avoir raté ça.
En primaire, deux de tes copains sont partis de l'école. Ça t'a chagriné. Tu fais aussi du théâtre, du piano.

Collège. Tu découvres l'opposition de collégiens toxiques, mais tu es très apprécié par les professeurs. Quand tu rencontres des embûches que ce soit en famille ou au collège, tu te débrouilles avec PA de

transformer les situations en contes, ou en dessins. C'est ce qu'on appelle en psychiatrie: la sublimation. Un de ceux-ci : Les œufs du cachalot sont dans la chaussette.
Et puis vous apprenez des répliques cultes de Merlin l'enchanteur, de César et Cléopâtre et de beaucoup de livres de Fantasy comme ceux de Terry Bratchett. Les Annales du disque-monde n'ont aucun secret pour vous deux. Et bien sûr, Raymond Devos que PA apprend par cœur. Entre parenthèses, l'an dernier à Paris en 2019, nous sommes allés voir le spectacle de François Morel sur Raymond Devos. Deux jours plus tard, c'était Fabrice Lucchini. Pendant le collège tu as continué le Conservatoire de musique et les cours de saxophone. Et bien sûr encore du théàtre qui te permettait d'extérioriser.

Lycée. Pour ma part, je travaillais beaucoup, dans deux endroits différents ce qui était difficile. Pas de vacances, quand j'étais en vacances d'un côté, je ne l'étais pas de l'autre! Et puis, tu voulais toujours travailler tout seul. Cependant, je me suis investie car je savais que pour réussir tes études de médecine, il te fallait être dans les premiers de la classe. Nous avons repris la compréhension et l'analyse des schémas par exemple en SVT. PA venait aussi en renfort avec son souci de pédagogie (bien meilleur que moi! là où je finissais par m'énerver par anxiété, lui était d'un calme olympien!) A cette époque-là, nous n'avions aucun soutien de ton père, il a fallu attendre le juge des affaires familiales. Ta réussite au bac avec mention t'a un peu déçu. 
Des moments de théâtre très forts! Le malade imaginaire mis en scène par toi-même en obligeant ton copain Michaël à te tirer par le pied. Rires que dis-je Explosion de rire de la salle remplie à ras bord, des gens debout partout, certains juchés sur les fenêtres. Tu jouais le rôle du médecin avec ton stéthoscope bleu! Le discours de Lamartine à l'Assemblée Nationale contre l'esclavage. La veille au soir on brulait des feuilles du discours imprimé pour faire des parchemins que tu lançais à l'assistance pendant ton discours! Primo Levi et la Shoah après un voyage à Auschwitz. Et de plus grandes pièces où tu jouais le rôle principal. Franchement tu étais très bon avec une présence sur scène incroyable. Deux de tes copains sont devenus comédiens.

Médecine. Tu étais au Chat. Tu pensais réussir sans problème eh ben non. Je t'ai envoyé à la Doua où tu as réussi admirablement bien. Retour en médecine et réussite. grand bonheur. Puis tu es élu responsable du tutorat (2500 étudiants), j'ai recommencé à me faire du souci. Je ne pensais pas que tu pourrais suivre deux lièvres à la fois: études et implication dans le tutorat. Tu me répondais que cela t'apportait de l'expérience. Amour dès le début de la génétique! La réussite au concours d'internat t'a laissé dubitatif. Choix de la psychiatrie à Grenoble. (Très grans regret pour moi de t'avoir influencé) Très bon service dans lequel tu t'es bien intégré, idem en pédiatrie à Thonon et tu logeais à Evian. Autant dire que j'ai squatté ton appartement face au lac. Parallèlement sans me le dire tu repasses l'internat et retourne en génétique, ta passion depuis le début de tes études.

Génétique à Reims. 2 ans très difficiles avec Tchernobyl. Tu réussis à faire valider tes stages de Grenoble et Thonon et fais ton master2 obligatoire à Paris au CRI. Et tu loges en plein Paris dans le quartier du Marais. A nouveau, je squatte! Je marche beaucoup à pied d'expositions en expositions, et quand je suis fatiguée, je m'installe dans un hôtel 4 étoiles, prends un café et repars.

Thèse à Lyon. En pleine période de confinement, validation in extrémis de ton stage à Lyon. Grand bonheur et thèse qui s'est magnifiquement passée. Ton frère PA t'a accompagné pour établir une bonne connexion entre l'amphi et les différents intervenants et auditeurs et tu t'es entrainé à l'obligation de reprendre ta thèse en 15 minutes, avec nous et avec ton directeur de thèse. J'ai corrigé les fautes de français de ta thèse. Il y en avait pas beaucoup.Tu as mis le curseur très haut avec les félicitations du jury et des commentaires très élogieux; Le petit bémol que je te rappelle souvent de ne pas trop te disperser a été mentionné par ton jury. La coupe de champagne a été très appréciée ainsi que toutes les mignardises et macarons.
 
 

samedi 6 juin 2020

Confinement. Ce qu'il m'a permis de faire

Confinement. Ce qu'il m'a permis de faire et que je n'aurai jamais fait.

1   -  Écrire à mon député un argumentaire sur le port du masque sans l'espace publique dès le mois de mars 2020.

Un échange de 4 mails. La première réponse que j'ai reçue, genre langue de bois, m'infantilisait. Il me prenait pour une bille que l'on fait rouler à sa guise. Je l'ai effectivement remercié pour sa réponse mais elle ne me satisfaisait pas.  La deuxième réponse, il a commencé à me prendre au sérieux. La troisième réponse, j'ai vu que sur les réseaux sociaux, mes interventions commençaient à avoir un impact. Il m'a orientée vers la métropole.

Ainsi, j'ai pu réaliser une centaine de masques pour les services sociaux de la métropole de Lyon. Ce sera ma petite contribution à la gestion de cette crise.


2  -  Avoir pu faire lire à voix haute à 1 collégien et une lycéenne LA PESTE de Camus, quand ils en avaient marre de faire du travail en relation avec leur prof sur Internet.

Ils se sont mis à lire à voix haute et se filmaient en même temps. Au début, ils étaient réticents, puis, ils ont trouvé cela très agréable, en ont parlé avec des copains. Une dizaines de jeunes ont donc lu le livre et se sont transmis les vidéos par Skype ou autre. Et nous en avons parlé ensuite. Un peu de philo avant l'heure et un goût pour le théâtre.

3  -  Je me suis plongée dans un échange épistolaire entre mes deux grands-oncles paternels et ma grand-tante. 

Ce fut très émouvant pour moi de me replonger dans les affaires familiales de plus d'un siècle puisque certaines lettres datent de la fin du XIXème siècle.
J'ai retrouvé, ainsi, la date du décès de mon arrière grand-père, Joseph, Marius Gauthier, mort à 30 ans des suites d'un cancer à l'estomac, le 22 février 1873 et inhumé à Saint--Haon le 23 février 1873, en présence de Joseph Grand, François Gony, Augustin Faje et Alexis Chastel.

J'ai retrouvé également une lettre sur papier bible où mon grand-oncle prend très au sérieux sa nomination en tant qu'évêque de Pakhoï, sacré à Canton. En 2010 je suis allée sur ses traces à Canton et à Hong-Kong. Il compte sur la Providence mais dit-il, la Providence n'est rien sans l'action et se mettre au travail. Aide-toi, le ciel t'aidera. Aide-toi d'abord, autrement dit : AGIS et il se passera quelque chose.
Sa devise : In itineribus saepe.
Toujours en voyage, toujours sur les routes, toujours en chemin....quelque soient les embûches.
Toujours valable pour nous aujourd'hui.


 Auguste Gauthier, né le 26 mai 1868 et baptisé le 27 mai 1868 avec pour parrain Augustin Breysse son grand-père et Rosalie Meyran sa tante par alliance.

  Je rajoute quelques cartes postales chinoises



mercredi 15 avril 2020

Confinement. Un mois sur Lyon. Camus

Confinement. Un mois sur Lyon. Camus

Confinement. Le repli sur soi est de règle dans cette petite résidence arborée de Lyon.


Je constate, avec un étonnement certain,  l'individualisme poussé à l'extrême, pendant cette période de confinement. 6 appartements sur les 10, où je ne vois jamais personne, ni sur les balcons, ni dehors. Aucun applaudissement de leur part, le soir à 20H. Quelle est leur existence? Existe-t-il un sens à leur vie ou la vie est-elle absurde? Où vont leurs pensées, leurs actions?

Heureusement, la phrase de Camus dans "La peste" 1947, me revient en mémoire: "Il y a dans l'homme plus de choses à admirer qu'à mépriser."


Sans doute, ces lyonnais, hommes et ces femmes qui ne se manifestent pas, ont des qualités, vertus dignes d'admiration. Avec quoi, avec qui, sont-ils en relation? L'homme vit mal sans relations, il est un être de relations. Tout le XXème siècle nous l'a appris. Sans doute, je reconnais là, le caractère effacé, secret du lyonnais. A l'abri derrière son rideau, ne se dévoilant pas.

Confinement. Livraison fruits et légumes.

Un autre couple, guère plus bavard, à qui j'ai proposé la possibilité de se faire livrer des produits frais, légumes, fruits, à domicile,  m'a stupéfaite en m'envoyant ce mail: 

Merci pour votre réponse. 
D'une part, il me manque surtout des fruits (je n'en est pas vu dans la liste) et d'autre part, mon mari n'est pas très d'accord: il trouve  que  ça ressemble à un marché déguisé : le producteur est sur la place du marché et les clients viennent le voir...Même si ça semble moins dangereux qu'un supermarché les gendarmes sont capables de verbaliser... 
Nous pensions qu'il faisait une tournée des résidences du quartier. 
Encore merci pour votre aide. 
Bien amicalement.
Je n'en crois pas mes yeux sur leur façon de réfléchir à un problème. Il a travaillé dans une banque! et, elle n'a jamais travaillé de sa vie, à part élever ses enfants. Je suis sotte, c'est une noble tâche! Mais, c'est vrai aussi qu'elle n'a jamais cessé de plaindre ceux qui allaient travailler! Je prends sur moi, pour ne pas les envoyer bouler.
Ma réponse à ce mail:
Re bonjour,

Sans doute, je n'ai pas été assez précise.

Il livre à domicile les paniers garnis et détaille chaque semaine les produits en fonction de sa production. Question sécurité, il y a pas mieux. Apparemment il se met aussi en lien avec un producteur d’œufs et plus tard un producteur de fruits.
Il me semble qu'Il faut aussi leur laisser le temps de s’organiser.
A+

 Confinement. Marche, gymnastique, entretien du corps.

Ceci dit, ils ont moins d'imagination qu'un escargot qui est toujours attiré vers la meilleure feuille à déguster. Fier comme Artaban, ils font 4 fois le tour de la résidence, sans regarder ni à droite, ni à gauche. Un pas à vive allure qui les dispense de gymnastique! Un pas hygiénique!
Je vois passer un autre couple un peu plus voûté, ignorant de moi-même qui suis dans mon jardin ou sur ma terrasse. "Bonjour" - "Oh, je ne vous avais pas vue". Je suis en rogne! C'est triste! Visiblement, la nature ne les intéresse pas et pourtant, ils se disent écolos!

La marche est pour moi une invite à la contemplation de la moindre fleur, du bleu du ciel, de la douce lueur d'une lune rose, de la splendeur d'un ciel étoilé. Tout mon corps s'enivre des senteurs de la pivoine ou de la rose, de la fraîcheur de l'arbre, de la chaleur solaire.  Et je me délecte du goût sublime de la cerise cueillie ou de la mure sur la ronce....


Confinement. Quelque couples et nos entretiens. Un deuil.

Dans le jardin, nous évoquons une amie décédée il y a 13 ans. Elle faisait le lien. Elle nous manque à tous. D'origines polonaises, elles restent dans nos cœurs comme une mémoire permanente. La vie est éternelle.
Cet ancien deuil m'oblige à parler de Suzanne qui vient de mourir à Paris, à la Salpétrière. Elle est morte, seule, jeudi dernier, jeudi Saint. Suzanne animait le groupe de deuil du SCF de Paris. Nous avions sympathisé et nous nous appelions régulièrement. Depuis quelque temps, je n'avais plus de nouvelles. Elle avait eu un AVC en 2018, sans séquelles.
Suzanne, tu nous auras tracé un chemin.
A Dieu.

Et, encore, ce grand paragraphe  de la Peste de Camus:

Mais le narrateur est plutôt tenté de croire qu'en donnant trop d'importance aux belles actions, on rend finalement un hommage indirect et puissant au mal. Car on laisse supposer alors que ces belles actions n'ont tant de prix que parce qu'elles sont rares et que la méchanceté et l'indifférence sont des moteurs bien plus fréquents dans les actions des hommes. C'est là une idée que le narrateur ne partage pas. Le mal qui est dans le monde vient presque toujours de l'ignorance, et la bonne volonté peut faire autant de dégâts que la méchanceté, si elle n'est pas éclairée. Les hommes sont plutôt bons que mauvais, et en vérité ce n'est pas la question. Mais ils ignorent plus ou moins, et c'est ce qu'on appelle vertu ou vice, le vice le plus désespérant étant celui de l'ignorance qui croit tout savoir et qui s'autorise alors à tuer. L'âme du meurtrier est aveugle et il n'y a pas de vraie bonté ni de bel amour sans toute la clairvoyance possible.


mardi 22 janvier 2019

Ma soeur, Pierrette, Soeur Pierre-Marie

Ma grande sœur

Elle est partie, ma sœur, ce matin, ce jeudi matin plein de givre à 5h du matin, ce jeudi ensoleillé dans la journée. Nous sommes jeudi 17 janvier. Hier, le SAMU et l'hélicoptère blanc l'ont emportée au CHU de l'hôpital Nord de Saint-Étienne. Quand, je suis arrivée à 5h, Audrey, l'infirmière m'a permis de rentrer en réanimation. Je l'ai vue, respirant tranquillement avec sa machine. Je lui ai dit de me serrer la main très fort, d'ouvrir les yeux. Il me semblait percevoir un mouvement, mais, sans aucun doute, c'est parce que je le voulais très fort. Elle est partie au scanner et quand elle est revenue, la mort cérébrale a été confirmée.
Et puis, une cadre de santé est venue me parler de dons d'organes. Pierrette était en parfaite santé et je savais qu'elle était d'accord. J'ai tout de suite dit oui, mais il fallait en parler aux frères et sœurs. Mon fils a dit tout de suite que c'était le plus beau cadeau qu'elle ait réalisé. Il était très content, réagissant en parfait scientifique, empreint d'humanisme.
Les émotions qui nous ont envahis, mes enfants et moi, ont été redoutables. Le chagrin est là, tapi tous les jours, dès le matin. Ce chagrin rappelle les anciens chagrins de mes 20 ans et de l'année 1998.

Voici son dernier message et sa dernière photo d'anémones du Japon envoyés pour son anniversaire le 09.01.2019

                                

C’est avec les fleurs de l’automne
que je  vous dis merci
 devant la façade de la maison….
Il y a sûrement
80 boutons de fleurs!!!
Et autant de bises…
Bonne rentrée et belle année.
Je vous embrasse.
Pierrette.


Messe du samedi 19 janvier 2019. Sœur Pierre-Marie, Pierrette, Marie, Rose.

Pierrette, la semaine prochaine, Maman devait passer une journée avec toi à Monistrol. Désormais, ni à Monistrol, ni à Lyon, ni en Drôme, ni ailleurs,  vous ne pourrez  plus échanger des nouvelles de nos familles de la Haute-loire ou de vos amis communs de Lyon. Tu t’intéressais beaucoup à l’actualité lyonnaise, aux divers projets et expositions dans la ville et elle t’en tenait informée. Vous partagiez aussi  lectures, power-points, photos, promenades. Très attachée à ta communauté, tu lui parlais souvent des sœurs et nous les remercions car elles t’entouraient toujours avec affection et bonté.
Toi qui aimais les fleurs et les fruits, nous n’oublierons jamais que tu  as particulièrement agrandi notre collection de pivoines dans notre jardin en Drôme. Tu as multiplié nos rosiers avec une habileté incroyable, tu nous as aidés à implanter des fleurs rares et variées, fleurissant, en toutes saisons, sans apport d’eau autre que l’eau du ciel de printemps et d’automne. Pivoines, rosiers, anémones du Japon, framboisiers, figues te survivront et nous rappelleront  ton souci de prendre soin d’un beau jardin comme on prend soin de soi.  Tu disais ne pas aimer faire la cuisine, et pourtant, tu réussissais à merveille le tiramisu aux fruits rouges pour toute une tablée.
Maman n’oublie pas non plus ton travail de professeur. Elle reste encore aujourd’hui, étonnée et toujours admirative du plan toujours parfait  de tes cours, de tes synthèses redonnant l’essentiel dans une écriture belle et équilibrée, à l’époque où  les ordinateurs n’étaient pas encore développés. Synthèses très utiles quand elle n’avait ni  le temps ni l’envie de travailler ses  cours. Oui, elle pense encore aujourd’hui,  que tu l’as formée au raisonnement scientifique, à la méthode scientifique,  ce qui lui a été très utile par la suite.
Nous  n’oublierons jamais ta présence à nos côtés et tes encouragements dans les difficultés de la vie. Attentive aux autres, respectueuse de la parole donnée, fidèle à la foi chrétienne et à la spiritualité ignacienne, nous avons eu une grande chance de vivre à tes côtés. Pour tous ces cadeaux, merci beaucoup.
Il nous reste, désormais, à être à la hauteur du chemin que tu as tracé. Pierrette, tu viens de terminer  tes 4x20 ans de vie comme tu as conduit ta vie, infatigable, avec le souci du travail bien fait et rapidement bien fini, en donnant encore et toujours, tambour battant. Et, pour finir, nous t’accompagnons, maintenant, sur le lieu de ton repos bien mérité.
Et, Pierre-Alban, qui n’a pas pu venir aujourd’hui mais qui s’unit à nous tous,  a voulu ajouter à ce texte : «  Pierrette, comme tu le disais toujours en partant : "grosses bises !!!" »
Agnès, sœur de Sœur Pierre-Marie  et ses enfants : Pierre-Alban, Evan, Emmanuel.