samedi 6 avril 2013

Frans Floris Jésus chez Marthe et Marie à l'expo Corpus Christi

Frans Floris, peintre flamand du XVIème siècle qui s’est passionné aussi pour l’art de la Renaissance italienne, nous introduit dans la maison de Béthanie, autrement dit chez Marthe, Marie et Lazare en faisant référence à l'épisode relaté par l'évangéliste Luc 10 ; 38-42.

En hébreu le mot : « bait », signifiant : maison est très proche du mot : «  bat « signifiant : sœur.

         La maison sert d’abri, de havre, de protection, d’intimité à une famille. Elle symbolise aussi l’être intérieur, les itinérances de l’esprit.  Du sous-sol de nos défauts, handicaps, phobies, vices ou péchés capitaux, nous montons allègrement dans les étages supérieurs à la recherche d‘une vie qui se cherche, se partage, qui évolue entre plaisir et bonheur, vers plus de paix, de joie. Parfois  et même souvent, nous redescendons par manque d’amour, d'écoute, ou par impuissance à affronter les remous existentiels et au gré d’une rencontre nous revoilà propulsé au grenier comme un endroit où l’on savoure et goûte les choses.

         Jésus, jeune homme, est assis sur un fauteuil, au centre du tableau. Il prend du repos chez les deux sœurs. Il est vêtu d’un manteau rouge et ses deux mains traduisent un enseignement.
Sur la gauche du tableau, Marthe est debout en maîtresse de maison affairée et raffinée jusque dans sa coiffure.  Elle revient du marché avec un panier débordant généreusement, de fruits, légumes, volaille, lapin. De quoi nourrir tous ses hôtes de passage. Peut-être qu’elle doit en recevoir beaucoup, en nourrir certainement, en loger? sûrement . Luc10.1-24, nous parle des 70 disciples que Jésus a envoyés deux par deux. Ils ont besoin de parler de se restaurer de dormir. Bienheureuse Marthe qui va subvenir à toutes leurs attentes matérielles.

 Étymologiquement, Marthe veut dire : dame, maîtresse.   En un mot, Marthe assure. Tous  savent qu’ils peuvent compter sur elle. Jésus l’aime beaucoup, ils sont amis et leur dialogue va se placer sous le signe de l’amitié. 

Sur la droite du tableau allongée aux pieds de Jésus, comme l'a dit quelqu'un avant moi, Ruth aux pieds de Booz, Marie, élégante et soignée, avec un livre ouvert, semble attentive aux propos de Jésus. Elle écoute, absorbée. La bonne part semble revenir à Marie.
Marthe, franche, directe, s’adresse à Jésus et ne craint pas d’affirmer son agacement. « Ma sœur me laisse tout faire ; dis-lui donc de m’aider » ; Sur le tableau, Marthe est vue de profil et a l’air courroucé. Nous pouvons noter l’absence de regard entre les deux sœurs. Chacun voit dans le texte et sur le tableau une rivalité. 

Dans sa réponse, Jésus prend en compte les préoccupations attentives de Marthe envers tous ses hôtes, il lui fait confiance. Mais en regardant uniquement la situation, sans jugement, il va faire appel à sa compréhension. En toute amitié, il lui suggère de ne pas se laisser déborder par les soucis, les angoisses du trop bien faire ; Il s’agit de s’arrêter un peu pour reprendre des forces et pour rencontrer les autres et sa sœur en particulier.
Un texte, un tableau,  sur la rivalité? sur le conflit? sur le jugement ? Non, sortons de nos schémas simplificateurs à vue courte.

La pédagogie de jésus nous offre en germe, non le jugement mais la rencontre de l’autre dans ses propres choix, le respect de la différence de l’autre. Notons bien que Jésus ne demande pas à Marthe d'agir comme  Marie ! Il faut bien que Marthe accueille avec beaucoup de disponibilité et de savoir-faire ses invités qui sont fatigués. Les sœurs de sang vont devenir des sœurs de cœur et elles communiqueront comme nous le dit Jean lorsque leur frère Lazare revient à la vie. Jn 11 ; 1-46. J"entends encore Régine Maire nous parler de la "réanimation de Lazare" par Jésus. Lazare coincé entre deux sœurs à la personnalité bien affirmée, s'était laissé mourir , ne trouvant pas sa place dans la fratrie. Si Régine vient voir l'exposition, elle pourra également voir un tableau sur la Résurrection de Lazare. Mais elle viendra, j'en suis sûre!

Heureuses les personnes qui sont dans "l'urgence de l’action", du travail et les autres dans la "patience de la réflexion", ( deux expressions de Gilles Bernheim dans : la source de vie) de la méditation,  de la contemplation. A chacun son charisme, à chacun son temps de repos

Le magnifique tableau de Frans Floris que je n’ai pas assez décrit, est exposé actuellement, au Musée de la Fondation de Fourvière.

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