A Fourvière, quand
nous entrons dans l’église basse, sombre,
construite dans un style roman
aux puissantes colonnes, l’atmosphère
nous paraît pesante. Nous nous sentons oppressés. Cette église basse appelée
improprement crypte, est éclairée par les quelques petits vitraux aux harmonies
très douces, de Lucien Bégule. L’architecte, Pierre Bossan, l’a voulue ainsi,
pour nous rappeler à l’humilité. Après tout, « humain » et
« humble » puisent leurs racines dans « l’humus », la terre.
Nous sommes en effet,
au cœur de nos contradictions humaines, de nos pesanteurs, de nos mauvaises
passions qui se transforment vite en sept péchés capitaux répertoriés par les
Pères de l’Eglise. Dans le chœur de la crypte, auprès de l’autel, nous trouvons
un peu de réconfort auprès de Saint-Joseph. Il est, en effet, celui qui a
maîtrisé les sept péchés capitaux symbolisés
par les mosaïques en tesselles de pierres multicolores, mosaïques
réalisées par l’architecte associé Saint-Marie Perrin. Saint-Joseph est celui qui nous aide à surmonter nos
doutes, nos phobies, nos entraves, nos désordres passionnels. Les visiteurs peuvent s’attarder sur la
finesse et la beauté des divers animaux censés représenter nos défauts humains, pire nos vices.
Les animaux n’y sont pour rien ; ils servent uniquement d’allégories.
Une parenthèse sur l’acédie
improprement traduite par paresse, l’allégorie étant la tortue avec sa lourde ,
trop lourde carapace qui la ralentit dans sa marche. L’acédie est plutôt à
situer du côté du poids de l’ennui, de
la difficulté d’agir, de la procrastination, de la tourmente existentielle
peureuse qui met en danger la vertu d’espérance. Ce Blues de l’âme ronge les
projets et invite à fuir l’état dans lequel on se trouve. Notre volonté est
soumise aux tentations de tristesse. Evagre le Pontique a vécu une expérience
de moine dans le désert égyptien au IVème siècle et s’est livré à une étude
approfondie des tentations des moines anachorètes. Il a analysé le déroulement
des pensées et des diverses obsessions qui entravaient la quiétude et la
progression de la vie spirituelle des moines.
Il explique l’acédie comme étant principalement » le démon de
midi » autrement dit le démon du milieu de la vie. Le démon qui frappe quand
le moine a sa vie spirituelle bien rôdée, quand dans l’espace séculier, les
gens ont accompli leur vie, qu’ils ont femme, mari, enfants, bonne profession
bien installée et pourtant, ces personnes sont atteintes par une sorte de
dégoût de la vie, de tiédeur mortifère. Quand arrive la tentation de l’acédie,
Evagre demande aux moines de rester dans leur cellule, de ne pas prendre de
décisions. Pour en savoir plus et aller aux sources du savoir, on peut trouver
« Aux sources chrétiennes », le traité «Sur les pensées » ou le « Traité pratique » ou « Le
gnostique ».
Une autre parenthèse
sur la « gula » dont l’allégorie est un loup qui dévore un os et
prend bien soin d’en avoir un autre à manger, de le tenir sous sa patte même
s’il est déjà repu. La « gula » est souvent traduite par gourmandise
alors que celle-ci n’est pas un péché capital. La gourmandise est une faculté
qui nous permet de goûter et savourer les fruits de la Création et du travail
des hommes.
Quant à la gula, il
s’agit de la gloutonnerie qui comprend deux aspects :
- le fait de ne
jamais être rassasié et de manger sans modération c'est-à-dire de manger sans
faire preuve de la vertu de tempérance.
- le fait de manger
de manière désordonnée, autrement dit de se goinfrer, sans prendre soin de ce
que l’on mange, sans prendre le temps d’apprécier la saveur des mets ou de les
partager.
Impossible avec ces
vices d’apprendre à ressentir le texte 33 du psautier:
« Goûtez et
voyez comme est bon le Seigneur. »
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire