jeudi 30 avril 2020

Confinement. Lyon. Voisinage.

Confinement. Lyon. Voisinage.


Bonjour cher insolite Pèlerin,

Pendant ce confinement, je vois passer plusieurs couples qui font le tour de la résidence.
 Voilà Marie-Pierre et Jean-Marie, au tempes grisonnantes. ils se promènent, l'allure vive, regardant 
droit  devant et fier comme Artaban. Pas un regard à droite ou à gauche, ne serait-ce que pour admirer
 les fleurs, juste un petit bonjour quand ils passent devant mon jardin. 
C'est ce que j'appelle la promenade hygiénique.

Voilà un autre couple qui se promène en sens inverse. Tous les deux sont un peu plus voûtés. 
C'est deux-là marchent en parlant et les yeux rivés au sol, sans regarder davantage autour d'eux.

Et puis il y a ce couple qui me fait plaisir. Ils sont âgés, elle est toute petite, lui se plie en deux 
pour arriver 
à sa hauteur. Et il lui donne le bras et il la soutient du mieux possible. Ils s'appellent  du doux nom  
de chéri. Je sais qu'elle a une sclérose en plaques. 
- Oh ! qu'est-ce que c'est que ces fleurs magnifiques? Je m'approche et lui dis :
- Ce sont des pervenches, Madame. 
- Ah oui, vous avez raison, ce sont des pervenches. Vous savez je fais le tour du pâté de maison 
je ne peux plus aller dans le bois il est interdit et malheureusement avec ce confinement je ne peux
 pas avoir ma piqûre d'anti-inflammatoires. Il faut que j'attende la fin du confinement, m'a dit le docteur.
 Oh, il m'agace ce confinement. 
C'est trop long. 
Bonsoir madame. 
- Bonsoir Monsieur Madame, courage.

Voilà qu'arrive le seul couple avec qui je peux dialoguer un moment. 80 ans. 
Ils ont l'air beaucoup plus jeune. Ils avancent tranquillement. Oh que votre jardin est beau !
 Nous parlons des marguerites du Cap au rose vif, des escholtzias orange tendre,
 la Rose Orient- Express qui commence à exhaler son parfum suave… ils sont étonnés du repli sur 
soi de nos voisins. 
Ma voisine de jardin est dépressive en cette période de confinement qui se prolonge. A part la famille
 de la terrasse, il n'y a pas d'autres enfants dans notre allée. Nous sommes dans une résidence où
 les gens vieillissent. Quatre appartements sont occupés par des femmes seules, divorcées ou veuves
, retraitées. Dans trois autres, vivent trois couples retraités, deux des épouses n'ont jamais travaillé
 de leur vie. Trois familles habitent les autres appartements, mais une seule a des enfants.
Nous évoquons une amie décédée, il y a 10 ans maintenant.
- Je pense souvent à elle à ce moment. Elle me manque beaucoup.
- A nous aussi, elle nous manque.
Elle créait ce lien qui est absent dans ce monde individualiste.
- On se retrouve, ce soir, aux applaudissements. Bonne soirée.
- Au plaisir de vous revoir.

Et puis, au balcon, Cette dame venant de Lille, lyonnaise depuis janvier 2020. En télétravail 
avec sa fille au chômage partiel. Nous bavardons un moment. Nous en arrivons même à parler de nos 
souvenirs du bac. J'avais eu un texte de Voltaire à commenter. Et elle? Je ne me souviens plus. Zut, 
alors.


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