Guðmundur Guðmundsson dit Ferró puis Erró,
Guðmundur Guðmundsson dit
Ferró puis Erró, naît en Islande en
1932. Son vrai nom me fait rêver de légendes islandaises, de sagas, épopées du
Grand Nord et de cette terre de feu qui rougeoie ou se consume sous la terre
cendrée, les brumes glaciales, évanescentes, l’obscurité peuplée de gnomes.
Comment a-t-il œuvré pour
créer une peinture à l’opposé de ses origines ? Complètement à
l’opposé ? peut-être pas !
L’abstraction des années 60
réclame une haute-voltige de l’esprit et n’intéresse pas Erró.
Erró opte pour la narration reconstituée de son siècle en peinture figurative.
Je résume. Il va utiliser une trentaine de
tiroirs où il trie, classe, entasse tout document sur un même sujet politique,
social ou artistique. Erró va ouvrir le tiroir du sujet-évènement, étaler,
assembler et coller le sujet-esquisse qui devient un sujet-modèle. Il ne reste
plus qu’à le peindre et il devient alors un sujet-scape.
En un
mot : obésité de nous-mêmes et de notre société.
L’accumulation, la compilation nous livrent
sur une même toile les américains et irakiens lors de la guerre d’Irak avec en
plein milieu le totem de la guerre, guerre à laquelle on veut toujours échapper
mais en vain. Erró s’interroge sur la naissance d’Hitler ( le tableau a été
acheté, paraît-il par le Musée de Berlin qui l’a tout de suite mis en
réserve !) . Ici, les combattants d'une guerre, peut-être du Vietnam vont finir, sans le savoir, au milieu des piranhas.
Et puis, enfin, ce sont les
beaux scapes de Van Gogh, Fernand Léger, Picasso, Magritte, Bosch… Là, mon
amour de la peinture reprend le dessus. Plus besoin de feuilleter un livre ….
Mais, « ceci n’est pas un Magritte », ne nous y trompons pas !
Pas de place pour la
respiration dans cette peinture d’Erró. Il en est ainsi dans nos vies, remplies
de portables, tablettes dans nos poches nous livrant à portée de main, de
regard, d’écoute, les informations choquantes, alléchantes ou ciblées en temps
réel.
Pour le plaisir des yeux et
pour nous gaver, il a trouvé le filon, notre Erró. L’évènementiel dort ou
repose dans un tiroir avant que surgisse l’enchainement de l’Histoire sur un
scape. Arthur Danto a dit : « ça, c’est le pop baroque »
Mais par ses toiles, Erró
dénonce et ça m’intéresse. Comment consentons-nous au réel ? Quelle position
avons-nous face à l’influence et l’affluence des images ? Son œuvre
baroque, immense, utilisant montages, collages, a anticipé la technique
informatique.
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