La Cène
Le jeudi saint, c’est
ce repas que Jésus fait avec ses douze disciples avant d’entrer dans les
souffrances de sa passion. C’est ce dernier repas où il bénit le pain et le
vin, où il affirme que le pain est son corps, le vin est son sang et les donne
à manger et à boire à ses amis en disant : « Faites ceci en mémoire
de moi »
Les artistes du
monde entier se sont emparés de cet événement.
A Fourvière, dans
cette exposition « Corpus Christi », nous avons eu une toile très
étonnante d’un anonyme du début du XVIIème siècle. Autour de la table, douze
personnages bien vivants, joyeux,
bavardent librement, autour de Jésus bénissant le pain. Les mains très
expressives, ouvertes vers soi ou vers les autres, indiquent, argumentent et
dénotent un échange, un dialogue soutenu, un étonnement, un questionnement appuyés par la gestuelle.
Dans une représentation
artistique de la Cène, il est de coutume de chercher à découvrir les différents
apôtres. Jean est bien reconnaissable à ses mains croisées sur sa poitrine, à
sa tête penchée vers Jésus, à son regard que le peintre a su diriger vers
l’intérieur, en contemplation. Pierre, est-ce lui, à droite, dominant un peu
les autres, à l’air tranquille, ne se doutant pas que dans peu de temps, il va
renier son ami ? La conversation va bon train. Mais où est Judas ?
Dans la partie
droite du tableau, tiens ! Tiens ! Nous retrouvons un autre Jésus,
même visage avec des vêtements aux couleurs inversées, tunique rouge et manteau
marron. Un alter ego, un jésus en miroir. Que fait-il ? Il s’adresse à
nous par son regard et montre de sa main droite, le personnage
devant lui, lequel est, bien sûr,
Judas. Judas, cheveux roux, manteau jaune recouvrant une tunique marron, met la
main droite sur sa poitrine en prenant un air étonné. De la gauche, il tient
une bourse bien remplie de ses trente pièces d’argent, le même prix que Joseph vendu par ses frères, de l’Ancien
Testament.
De manière
évidente, Judas a entendu la demande de Pierre, par l’entremise de Jean à Jésus :
- Demande-lui lequel de nous va le trahir.
La réponse de Jésus, sans nommer quelqu’un, est la
suivante :
- C’est celui
qui mettra la main au plat. Luc ; 22, 10.
- Moi. Mais
pas du tout - semble répondre Judas, du
geste de sa main droite.
Sur cette toile,
le peintre nous montre un Jésus qui nous regarde en désignant Judas. J’insiste,
regardez bien la toile. Veut-il nous faire remarquer que c’est nous qu’il
désigne comme un probable Judas que nous sommes en réalité, dans nos
manquements, nos couardises, nos faux-semblants, notre lâcheté, nos
compromissions, nos vaines gloires, nos concupiscences, notre avarice ou notre cupidité, c’est pareil !
Bref, tous nos nombreux désordres ….
Regardez encore
les deux pieds parallèles de Judas et de Jésus ; nous sommes nous aussi disciples du Christ
puisque baptisés et confirmés, nous marchons d’un même pas avec lui et pourtant
avec l’autre pied, le pied droit, nous
barrons l’accès à la table du Seigneur. Regardez bien, nous nous barrons
l’accès à nous-même et aux autres aussi. Dans chaque Cène, nous sommes invités
à prendre part au repas auquel nous invite le Christ, les artistes laissent
toujours un passage où le spectateur va librement s’asseoir à la table du repas.
Cela ne vous
rappelle rien ? Mais si, bien sûr, l’icône d’Andrei Roublev. L’unité de la Trinité comme l’unité de la Cène se
passe autour d’une table, où chacun peut aller prendre sa place, toute sa
place, rien que sa place, recevoir la
paix du Christ et avoir pleine part à sa joie, en union avec les trois
personnes de la Trinité.
Après avoir
médité, ruminé pendant près de cinquante ans les paroles et les actes du
Christ, Jean nous l’a bien dit :
Jean 15:11 Je vous ai dit ces choses, afin que ma joie
soit en vous, et que votre joie soit parfaite.
Jean 14:27 Je vous laisse la paix,
je vous donne ma paix.
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