dimanche 23 juin 2013

L’expérience intérieure du centuple





Bien entendu, le centuple est de l’ordre des biens spirituels et en premier lieu de l’amour.
A nos pauvres dons faits dans la foi : don de soi en temps,  en argent, en connaissances, entraide, le Seigneur par son Esprit participe, il nous redonne généreusement selon nos besoins et non selon nos convoitises. Le prêtre de la paroisse Notre-Dame du Point du jour avait insisté, un dimanche, dans son homélie sur le don en nous disant qu’il impliquait le pardon. Dès lors que nous nous mettons en route pour travailler à sa vigne, en restant entés au cep du Christ, nous sommes sûrs d’être pardonnés de nos erreurs, fautes vénielles ou graves et nous recevons les dons de l’Esprit nécessaires à chacun sur son chemin. Alors nous avançons dans la confiance. En avant.
Il redonne largement, abondamment, gracieusement à l’œuvre à laquelle nous travaillons et aussi à nous-mêmes, selon les besoins de l’œuvre et de chacun.
A Fourvière, j’ai tant reçu de la part des visiteurs. Des offrandes en argent que je restitue à la Fondation de Fourvière, des compléments de connaissance de la part de visiteurs, des sourires d’émerveillement, des remerciements pour un éclairage sur la foi, des petites broches artisanales que j’épingle tout de suite sur mon vêtement, un chocolat chaud bu à la terrasse du restaurant de Fourvière devant le magnifique panorama de la ville, des prières oui des prières….. Quelle grâce d’être tout en haut sur les toits aux pieds de Saint-Michel archange et d’entendre chanter une hymne à Marie par un groupe d’enfants et leurs accompagnateurs.  Bien humblement, je repense à Marie et le soir, dans le coin de ma chambre je médite tout cela en mon cœur en lui offrant mes remerciements pour tous ces échanges et en lui confiant tous ceux que j’ai guidés.
Mes réflexions font également écho au passage de Saint-Paul aux Philippiens : 4 ; 10-19. Ce n'est pas que je recherche les dons, mais je recherche le fruit qui abonde pour votre compte. Et le passage  se termine par : « Dieu pourvoira à tous vos besoins selon sa richesse, avec gloire, en Jésus-Christ ». Paul nous fait part du fait qu’il a expérimenté les largesses de la gloire de Dieu sans les rechercher. Gloire = HESED = poids d’amour de Dieu pour l’humanité et toute la Création
Et encore, lors de l’homélie sur L 9 ; 11-17, en mai 2013, voilà notre pape François qui souligne le mot-clé : solidarité, c’est-à-dire :
 « savoir mettre à disposition de Dieu ce que nous avons, nos humbles capacités, car c'est seulement dans le partage, dans le don, que notre vie sera féconde ».

jeudi 20 juin 2013

GUIDE à FOURVIERE

Mon expérience de guide à Fourvière


Un guide à Fourvière reçoit à la mesure où il donne le meilleur de lui-même, le meilleur de ses connaissances, le meilleur de sa présence et en  restant toujours humble de cœur.

Par leur attitude, leurs questions, leur émerveillement ou leur déception,  les pèlerins ou les simples visiteurs m’offrent un nouvel angle de perspective pour mon regard, un renouvellement de ma capacité à m’émouvoir, une communication intelligente, sage et tendre. Quelque chose qui ressemble à de la joie mêlée à une paix profonde. J’apprends à mieux me situer dans le monde même à mon âge !, J’entrouvre un peu plus la porte de ma spiritualité intérieure. L'Esprit nous rend réalistes et  féconds, le Pape François ne nous l’a-t-il pas dit, dimanche 16 juin 2013 dans son homélie? 

D’Edith Stein, « j’enrichis ma propre image du monde » en percevant de l’intérieur et avec aussi toute ma raison la propre connaissance ou la propre vision de l’autre.

En tant que bénévole, je ne garde rien pour moi, pas même un petit pourboire. Je redonne tout, et alors, j’ai expérimenté le phénomène décrit dans l’Evangile : Je reçois au centuple. Je remercie avec humilité tous les visiteurs des expositions, de la Basilique, des visites insolites, mes amis ou connaissances de quartier, de travail toujours éblouis.

En tant que bénévole après chaque visite, j’ai besoin d’un temps de repos en Dieu, pas toujours facile à vivre, car les pensées, les émotions vécues se succèdent, se bousculent et ont du mal à céder la place au calme de la relecture. Ma raison et ma volonté ont beau lutter pour chasser ces pensées, ces souvenirs si tenaces et envahissants, je n’y arrive en général, que le lendemain. Je suis obligée de m’abandonner au rythme de mon corps, de mes pensées.

Eh oui, c’est le lendemain, où je peux goûter le repos en Dieu en méditant. Là, je comprends un peu plus  ce qu’on appelle l’âme.

Je reprends encore Edith Stein : "Il existe un état de repos en Dieu, de totale suspension de toute activité de l’esprit, dans lequel on ne peut plus tracer de plans, ni prendre de décisions et même faire quoi que ce soit, mais dans lequel, après avoir confié tout son avenir à la volonté divine, on s’abandonne à son propre destin…. »

Encore d’Edith Stein :
 «  L’âme ne peut pas vivre sans recevoir. Elle se nourrit en effet des contenus qu’elle accueille spirituellement, en les vivant".

                                 Alors me revient doucement :le psaume 33 verset : 9
                                            Goûtez et voyez : le Seigneur est bon !
                                            Heureux qui trouve en lui son refuge !

jeudi 6 juin 2013

Corpus Christi: cet étrange tableau de la Cène




La Cène
Le jeudi saint, c’est ce repas que Jésus fait avec ses douze disciples avant d’entrer dans les souffrances de sa passion. C’est ce dernier repas où il bénit le pain et le vin, où il affirme que le pain est son corps, le vin est son sang et les donne à manger et à boire à ses amis en disant : « Faites ceci en mémoire de moi »
Les artistes du monde entier se sont emparés de cet événement.
A Fourvière, dans cette exposition « Corpus Christi », nous avons eu une toile très étonnante d’un anonyme du début du XVIIème siècle. Autour de la table, douze personnages bien vivants, joyeux,  bavardent librement, autour de Jésus bénissant le pain. Les mains très expressives, ouvertes vers soi ou vers les autres, indiquent, argumentent et dénotent un échange, un dialogue soutenu, un étonnement, un questionnement  appuyés par la gestuelle.
Dans une représentation artistique de la Cène, il est de coutume de chercher à découvrir les différents apôtres. Jean est bien reconnaissable à ses mains croisées sur sa poitrine, à sa tête penchée vers Jésus, à son regard que le peintre a su diriger vers l’intérieur, en contemplation. Pierre, est-ce lui, à droite, dominant un peu les autres, à l’air tranquille, ne se doutant pas que dans peu de temps, il va renier son ami ? La conversation va bon train. Mais où est Judas ?
Dans la partie droite du tableau, tiens ! Tiens ! Nous retrouvons un autre Jésus, même visage avec des vêtements aux couleurs inversées, tunique rouge et manteau marron. Un alter ego, un jésus en miroir. Que fait-il ? Il s’adresse à nous par son regard et montre de sa main droite,  le personnage  devant lui, lequel est,  bien sûr, Judas. Judas, cheveux roux, manteau jaune recouvrant une tunique marron, met la main droite sur sa poitrine en prenant un air étonné. De la gauche, il tient une bourse bien remplie de ses trente pièces d’argent, le même prix que Joseph vendu par ses frères,  de l’Ancien Testament.
De manière évidente, Judas a entendu la demande de  Pierre,  par l’entremise de Jean à Jésus :
 - Demande-lui lequel de nous va le trahir.
La réponse de Jésus, sans nommer quelqu’un, est la suivante :
-  C’est celui qui mettra la main au plat. Luc ; 22, 10.
-  Moi. Mais pas du tout -  semble répondre Judas, du geste de sa main droite.
Sur cette toile, le peintre nous montre un Jésus qui nous regarde en désignant Judas. J’insiste, regardez bien la toile. Veut-il nous faire remarquer que c’est nous qu’il désigne comme un probable Judas que nous sommes en réalité, dans nos manquements, nos couardises, nos faux-semblants, notre lâcheté, nos compromissions, nos vaines gloires, nos concupiscences, notre avarice ou notre cupidité, c’est pareil !  Bref, tous nos nombreux désordres ….
Regardez encore les deux pieds parallèles de Judas et de Jésus ;  nous sommes nous aussi disciples du Christ puisque baptisés et confirmés, nous marchons d’un même pas avec lui et pourtant avec l’autre pied, le pied droit,  nous barrons l’accès à la table du Seigneur. Regardez bien, nous nous barrons l’accès à nous-même et aux autres aussi. Dans chaque Cène, nous sommes invités à prendre part au repas auquel nous invite le Christ, les artistes laissent toujours un passage où le spectateur va librement s’asseoir à la table du repas.
Cela ne vous rappelle rien ? Mais si, bien sûr, l’icône d’Andrei Roublev. L’unité de la Trinité comme l’unité de la Cène se passe autour d’une table, où chacun peut aller prendre sa place, toute sa place, rien que sa place,  recevoir la paix du Christ et avoir pleine part à sa joie, en union avec les trois personnes de la Trinité.
Après avoir médité, ruminé pendant près de cinquante ans les paroles et les actes du Christ, Jean nous l’a bien dit :
       Jean 15:11  Je vous ai dit ces choses, afin que ma joie soit en vous, et que votre joie soit parfaite.
Jean 14:27 Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix.