mardi 14 mai 2013

Anna de Bulgarie



            Anna me raconte son voyage chez son fils et sa belle-fille à Londres. Une de ces familles polyglottes et d’origines diverses. Anna et son mari sont nés au bord de la mer noire à Sofia et ont émigré en France. Leur fils a fait ses études en France, est parti travailler en Angleterre où il a rencontré sa future épouse d’origine espagnole.Au final, ils abandonnent tous, leur langue maternelle pour converser en anglais. C’est difficile pour Anna, elle ne maîtrise pas l’anglais comme le français ou le russe. Je la sens toujours au bord d’une impossibilité de communiquer ses sentiments à sa famille. Elle se tient sur les rives de la vie, elle n’avance pas en eaux profondes.
           Anna vient d’avoir un petit-fils. Il est devenu le centre d’attention dans ce simple cottage de style très cocooning. La vie s’organise en fonction de ce nouveau-né. Les horaires de tétée, les rythmes du sommeil, le bain sacro-saint, la pousse des quenottes, la taille ….
          Devant ce petit enfant, les émotions se bousculent à la porte du cœur d’Anna. Les souvenirs remontent et s’empilent comme les couches superposées d’un gemmail. Ici, en France, elle peut exprimer ses pensées à nous, collègues de travail. Elle appuie ses paroles avec des bras, des mains qui s’agitent, se posent sur son cœur, s’élèvent vers le ciel. «  Vous verrez vous aussi, quand vous aurez des petits enfants ; ça va vous submerger. » Quelle expérience intérieure !
 C’est un vrai bonheur d’être témoin de ce futur statut de grand-mère qui m’attend.
         C’est alors que je m’entends lui dire : « la vie est la lumière des hommes » Avec Régine Maire, nous méditons actuellement le Prologue de l’Evangile de Saint-Jean.
         Anna a-t-elle saisi que c’était une phrase biblique?
Je ne pense pas,  mais qui sait ? Il y a bien longtemps, elle m’avait dit que la religion orthodoxe dans son pays relevait de l’obscurantisme.
En tout cas, en ce qui me concerne, cela m’a permis d’expérimenter, d’approfondir et de méditer cette phrase. Oui, en regardant et en écoutant le bonheur indicible d’Anna, je réalise que la vie est bien la lumière des hommes. Ce bébé tel une lampe, éclaire la vie de la famille entière, illumine l’intérieur des cœurs, des corps et des esprits.
La vie engendre l’amour ? Ou l’amour engendre la vie ?
Des  tableaux de la Nativité de l’école flamande jaillissent dans ma tête.

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