Sur les hauteurs, la Basilique se remplit de visiteurs, les uns curieux, les
autres déjà recueillis à peine entrés, certains effarés par l’exubérance :
« c’est très chargé » ; quelques-uns lèvent la tête et tentent
de chercher du sens à voix murmurée. Une femme vient chercher un dépliant en
italien, deux anglais, plus timidement, une française ; puis
s’avance un groupe chinois vers lequel s’empresse allégrement un prêtre habitué
à ces rencontres. Ils repartent très souriants, avec un évangile chinois sous
la main. Je suis toujours merveilleusement étonnée de leur courtoisie, de leurs
sourires et de leurs remerciements. Ils s’inclinent en signe de respect,
souvent, les deux mains jointes. Démarche différente des japonais, plus
pudiques, plus en retrait. Ces chinois me ramènent au début du XXème siècle,
temps où le frère de mon grand-père était au service des Missions Étrangères de
la région de Pakhoï en Chine près de Canton. Sa devise : « In
itineribus saepe » que l’on retrouve dans Saint Paul.
Mes deux collègues sont partis, l’une
avec un groupe d’amis auquel elle avait proposé une visite guidée et l’autre
s’était approché d’un trio de jeunes français intéressés par quelques
explications.
Seule devant mon bureau et très fatiguée ce
jour-là, je me disais que j’étais bien inefficace, mais faut-il être actif, à
tout prix ? Être fécond ? Semer pour engendrer des
récoltes ? Certains anciens aiment bien nous faire sentir qu’il faut être
« bon », autrement dit : il faut rapporter des sous à la
Fondation. Une dame très affectée veut s’entretenir avec la personne au service
de l’écoute ; nous la cherchons ensemble, elle n’est pas dans son
bureau ; je lui dis de patienter à la Chapelle ; elle va arriver.
C’est sûr, puisque le bureau est éclairé. Elle doit vivre une situation
désagréable à traverser, peut-être un combat intérieur douloureux, je la
recommande à Marie. « Notre-Dame du Bon Conseil : Priez pour nous. »
Une autre veut faire tamponner son crédencial pour le chemin de St
Jacques de Compostelle.
Ouf, voilà une collègue; nous papotons un
peu ; on se transmet des news : famille, réunions, voyages, lectures…
ça me fait un peu de bien.
15H30, ma collègue revient ; elle est
très déçue, désabusée : ses connaissances ne lui ont rien donné… pas le
moindre centime !!. Une heure et demie passée en explication, dans
le froid, et pas la moindre reconnaissance !! C’est vrai que je la
comprends, pas plus tard que la semaine précédente, j’avais proposé à des
compagnons de voyage une visite guidée ; eh bien ! rien au final (et
pourtant des professeurs, des gens avec doctorat, … !!!)On a beau se
dire : BÉNÉVOLES ; on est toujours un peu secoués par l’absence de
gratitude et le fait que pour nos contemporains, tout doit être gratuit .
« la fourmi n’est pas prêteuse (encore moins donneuse), c’est là son
moindre défaut » Nous savons bien, nous bénévoles dans un édifice
religieux, que nous ne devons rien attendre, nous espérons seulement que notre
parole, guidée par l’Esprit-Saint, touche les cœurs, c’est l’essentiel.. Toutes
les semaines, je vois revenir quelqu’un qui s’est dépensé sans compter. Pour
rien ?… Dieu seul, le sait. Gloire à toi, Seigneur. St Paul nous fait
signe : « Ma grâce te suffit, car ma force se déploie dans la
faiblesse » lui répond le Christ quand Paul lui demande de lui enlever son
écharde.
Monsieur
Ch revient toujours de bonne humeur ; les jeunes l’ont embarqué dans
plusieurs commentaires ; ils viennent mettre un peu de sous ; tout le
monde est content. Merci Mon Dieu !
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