Au coin de cette déambulation bruyante, je m'arrête, stupéfaite. Mon pas rapide stoppe net et je regarde.
Un bouquiniste, à la fine queue de cheval, range ses livres; deux acheteurs potentiels sont occupés à lire. Concentrés sur leurs textes et visiblement passionnés. Mais quel contraste avec l'ailleurs du marché! Ici, l'univers intérieur de la personne se dévoile, se déplie, se déploie dans un silence quasi monacal, et dans un lieu secret propre à chacun. Cet espace de livres ne tolère aucun bruit; le privilège du bouquiniste!
Les deux domaines de la nature humaine : l'extériorité et l'intériorité.
Je regarde, apprécie, savoure, goûte ce moment et je sens un souffle de vent effleurer mes épaules, à moins que ce soit l'Esprit. Merveilles que sont les livres.Je viens lui vendre mes beaux livres de poésie; même un livre de haïku. Je pleure presque. Je n'ai plus de place, chez moi!. Mes enfants sont des scientifiques; la poésie, ce n'est pas encore pour eux; peut-être avec le temps... Ceci dit, en me détachant de ce que j'aime le plus dans ma maison, c'est à dire de mes livres, j'ai la sensation de me libérer. Et puis, je les mets à la disposition de lecteurs potentiels. Pourquoi vouloir tout posséder? La vie m'a appris qu'il faut éviter d'accumuler et de tout garder pour soi.
J'ai décidé aussi, aujourd'hui, de mettre ma chambre vide au service d'une étudiante.
10€ les 30 livres, des Gallimard! pas chers! Je ne négocie pas.
Avec ces 10€, je pars acheter mes fromages de chèvre.
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