Le formidable essor des sciences physiques et humaines à l'aube du XXème siècle
- 1900 Max PLANCK effectue des travaux sur le rayonnement électromagnétique; il est à l'origine de la théorie des quanta qui sont des "grains de lumière" ou quantités de lumière infimes discontinues. Les physiciens et mathématiciens trouvent des règles de calcul définissant les atomes, les molécules et leurs interactions avec la lumière. Niels BOHR affinera la théorie quantique.- 1905 Albert EINSTEIN énonce le postulat de la théorie de la relativité restreinte suivie de la relativité générale en 1915.
E = mc2
Deux dogmes volent en éclats : celui de l'immobilité absolue et celui du temps universel mesuré par les horloges. Le temps et l'espace sont intimement liés, peuvent être courbes, dynamiques, et forment un espace quadridimensionnel. La courbure de l'espace-temps.
" Beaucoup furent scandalisés par sa conception : fallait-il comprendre, demandèrent-ils, que tout était relatif, y compris les critères moraux?" Stephen HAWKING - L'univers dans une coquille de noix, p 11 de l'édition 2001 Odile Jacob.Rappels : -Saint Augustin soutient au Vème siècle que le temps n'existe pas avant la création du monde par Dieu.
- Newton, au XVIIème siècle, en formulant les lois de la gravitation, pensait le temps comme une ligne droite infinie; Il existait depuis toujours, éternel en somme.
Au final : "Toutes les particules qu'elles soient de lumière ou de matière, manifestent tantôt des aspects ondulatoires tantôt des aspects corpusculaires, mais elles ne sont ni des ondes ni des corpuscules." Etienne KLEIN, Petit voyage dans le monde des quanta, p 39 édition poche Flammarion 2004L'exemple de l'électricité est frappant. Elle se transmet comme une onde continue et elle est formée de grains de lumières, de photons, qui lui confèrent un caractère discontinu. Paradoxe de rupture et mouvement continu.
Avec FREUD, nous découvrons le réalité de l'Inconscient, partie immergée de notre personnalité mais qui "mène le monde"
L'Art s'affranchit de la perspective de la Renaissance et donne à voir les nouvelles perceptions de la réalité
Au début du XXème siècle, différents courants artistiques vont représenter le temps en terme d'espace. L'Avant-Garde surgit au coeur de la Belle Époque et se nomme Fauvisme à Paris, expressionnisme en Allemagne, cubisme à Bruxelles, futurisme à Milan, orphisme avec Delaunay.... Le monde n'est plus inerte , figé. L'homme du XXème siècle ne contemple plus le lointain de la perspective en étant statique comme le spectateur de la Renaissance n'ayant qu'un point de vue. A l'unique perspective visible de la Renaissance, on oppose la perspective vécue, multiple, affichée par les sentiments, les désirs, la sensibilité, l'intelligence, les perceptions diverses. L' homme est vivant, en mouvement et bien décidé à faire lui-même l'expérience du mouvement mis en œuvre par la technique issue des sciences physiques.Rappelons que le mouvement est déjà représenté chez les assyriens avec le taureau à cinq pattes, ancêtre du galop chez les futuristes. N'oublions pas non plus les mouvements représentés dans les grottes Chauvet (35000 ans) ou Lascaux.
L’œuvre plastique, artistique, ( toiles, sculptures, musiques...) ne peut naître que du mouvement car celui-ci est la donnée première existant dans le cosmos.
Rappelons Paul KLEE. Un homme marche sur un bateau. Il éprouve : - 1 son propre mouvement, - 2 celui du bateau, - 3 la rapidité du courant du fleuve ou la trajectoire du courant, - 4 la rotation de la terre, - 5 celle de la lune et des astres.
Le Cubisme
1907, PICASSO expose "les demoiselles d'Avignon" C'est un coup de tonnerre. (1)Il s'agit de multiplier sur l'objet ou le sujet visé le plus de points de vue possibles.
BRAQUE : "La perspective traditionnelle ne donne plus la pleine possession des choses, elle part d'un point de vue et n'en sort pas. C'est comme celui qui, toute sa vie, dessinerait des profils en faisant croire que l'homme n'a qu'un œil".
En 1912, GLEIZES publie son livre avec METZINGER : "Du cubisme".
Par le cubisme, les genres traditionnels sont remis en cause : paysages, natures mortes, scènes de genre, portraits, peintures historiques...
Georges Braque (2)
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Huile sur toile, 72,5 x 59 cm
Centre Pompidou, Mnam
En 1907, Braque visite la rétrospective Cézanne au Salon d’Automne.
Son admiration pour les
œuvres du peintre le conduit à l’Estaque, où Cézanne avait peint lui-même.
De ce séjour il ramène une série de tableaux qu’il présente au jury du Salon
d’Automne de 1908. Le jury d’admission se compose d’artistes qui ont en commun
d’être les inventeurs du fauvisme. Matisse en est le président, il
est accompagné de Marquet et Rouault. Les tableaux de Braque remettent en
cause son esthétique de la couleur et de la fusion avec la nature, qui fait
de lui, à Paris, le leader de la peinture contemporaine. Là, que voit-il ? Une
palette d’une gamme chromatique limitée et un système constructif basé sur
la décomposition de la nature selon la vision de Cézanne en petits cubes,
en petits cônes, en petites sphères. Un critique (Charles Morice) colporte
les mots de Matisse et parle des petits cubes de Braque.
Les tableaux refusés sont exposés en novembre à la galerie Kahnweiler, c’est la première exposition de Braque, préfacée par Apollinaire. Le mot « cubisme » reprend du service avec d’autres critiques, dont Louis Vauxcelles.
Le motif du viaduc à l’Estaque inspire à Braque trois tableaux qui témoignent
du passage dans son œuvre du fauvisme au cubisme : recherche
de simplification de la forme, déconstruction de la perspective, harmonie
chromatique d’ocres et de verts, traitement de la couleur en hachure et cerne
noir des plans.
Les tableaux refusés sont exposés en novembre à la galerie Kahnweiler, c’est la première exposition de Braque, préfacée par Apollinaire. Le mot « cubisme » reprend du service avec d’autres critiques, dont Louis Vauxcelles.
Dans cette version, peinte de mémoire dans son atelier parisien, au contraire des deux autres, Braque simplifie les courbes au profit de la géométrisation des formes, tout en combinant une vue frontale et une vue oblique, ce qui rend palpables les volumes et permet, dit le peintre, de « rapprocher l’objet du spectateur en lui gardant sa beauté, sa saveur concrète » Texte emprunté au Centre Pompidou ressource : (2); si un copyright m'a échappé, veuillez me le signaler, j'enlèverai toute photo ou tout écrit relatifs à celui-ci. Merci de votre collaboration
Du cubisme vers l'abstraction
Du cubisme vers la méditation et la contemplation
La raison est contrainte d'écouter d'autres voix.Une opposition se fait jour entre la philosophie de BERGSON et celle de BACHELARD. La force du temps crée aussi le dynamisme, "l'élan vital" et la durée, concepts chers à BERGSON. Mais le temps est facteur aussi de discontinuité pour BACHELARD; la durée est ponctuée d'accidents dus à la matière en mouvement. Du discontinu dans toutes les formes de communication.
Les arts vont traduire ces moments de rupture :
- le poème lancera bientôt le mot: liberté
- la musique chassera l'inertie de l'harmonie
- la sculpture va créer du vide
- l'architecture brisera l'enveloppe du silence de l'art roman.
ROUAULT : "L'art trouve son équilibre entre deux mondes, l'objectif et le contemplatif".
COCTEAU : "Il est beaucoup moins facile de duper les yeux avec un tableau illisible qu'avec un tableau représentatif".
RODIN : La sculpture de "l'homme qui marche" (buste sans tête représentant Josué à la conquête de la terre promise).
Une petite fille lui demande : - Pourquoi il n'a pas de tête?
Réponse de RODIN : - C'est pour qu'il marche.
Autrement dit, c'est pour que le spectateur ne regarde pas que la tête; les gens jettent toujours leur premier regard sur cette partie de l'homme. RODIN nous demande de nous intéresser au mouvement de l'homme. Le bébé met un an pour apprendre à marcher et c'est son premier désir. L'homme vivant est un homme en marche.
Avec le cubisme, l'art s'émancipe, renouvelle ses techniques, utilise de nouveaux signes à travers les lignes, les formes, les couleurs. Il va se créer un dialogue entre le spectateur et l'auteur du tableau ou de la sculpture, une intersubjectivité, une participation active, émue, vibrante, passionnée du spectateur qui achève l’œuvre par son regard.
Les arts issus du cubisme obligent à développer son intelligence!
Grand merci aux physiciens et aux artistes qui traduisent en art les notions de physique.
GLEIZES introduit sa relation au christianisme dans son art . Voir l'exposition Albert GLEIZES et ses disciples à Fourvière.
Albert GLEIZES crée en 1927 une communauté d'artistes-artisans à Moly Sabata - Sablons - dans l'Isère et à partir de 1941, la foi catholique marque sa recherche spirituelle et influence son art qui devient art sacré. Pour en savoir plus sur Moly-Sabata cliquer icivoir (3)
La croix, réalité historique, fait partie de l'Espace-Temps et en est un puissant symbole.
L'humanité souffrante, présente en Jean et Marie, est blottie sous la tendre compassion du Christ en croix (visage du Christ suggéré de profil). Les divers cheminements linéaires ou incurvés prenant appui sur les images tétramorphiques nous conduisent nous aussi, debout, vers l'ombre de cette croix. Tout est en mouvement sous cette croix statique. Les cadres du tableau se sont ouverts. La croix jaillit de l'espace du tableau, comme en suspension, pour s’incarner dans l'éternité, au même rang que les éléments du cosmos, la lune et les étoiles. Le Christ en croix, emmène avec lui, dans l'éternité, toute l'humanité. Il "récapitule" (rassemble) toute la création au sens d'Irénée de Lyon. "Cette eschatologie est tout à fait à l'idée d'Irénée que la communion avec Dieu est une réalité en croissance" page 98 du livre de Donna SINGLES : L'HOMME DEBOUT paru au Cerf en 2008.Les couleurs complémentaires, ocre-orangé et bleu grisé, empreintes de douceur, colorent et nuancent de paix, l'attitude de celui qui médite ou contemple l’œuvre.
Si un copyright m'a échappé, veuillez me le signaler, j'enlèverai toute photo ou tout écrit relatifs à celui-ci. Merci de votre collaboration
Pour aller plus loin, sur Gleizes et Moly-Sabata, vous pouvez consulter l’excellent site de Peter Brooke cliquer ici
Pour voir l'exposition au Musée d'art religieux de Fourvière vous pouvez cliquer ici
Sources / Pour aller toujours plus loin :
(1) : http://www.faisceau.com/pica_oe_dem1.htm
(2) : http://mediation.centrepompidou.fr/education/ressources/ENS-futurisme2008/ENS-futurisme2008-01-cubisme.html
(3) : http://www.peterbrooke.org/form-and-history/tradition/tradition-7.html
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