mercredi 9 décembre 2015

Fourvière 8 décembre 2015

Un soleil magnifique en journée, a cédé la place à une nuit au profond bleuissement.

Les multiples lumières dorées, scintillantes, bien alignées, accrochées aux fenêtres ou sur les rebords des bâtiments enguirlandent la ville dans une paix invitant à la contemplation. Pure beauté.

 La nuit n'était pas aussi glaciale que les autres années. Les parisiens accueillent d'ailleurs, la COP 21 réunissant 196 pays pour rechercher des solutions au réchauffement climatique. Ce soir, les lyonnais sont sortis massivement mais tranquillement.

Sur la cathédrale Saint-Jean, le palais de justice aux 24 colonnes, l'abside de Fourvière, se projettent les regards des peintres de toutes les époques, tandis que, défilent lentement, dans le silence, les prénoms des victimes du terrorisme brutal du 13 novembre 2015.

#MERCI MARIE


En cette année 2015, la fête est intérieure, inscrite au coeur de chaque personne.
Conserver un jour comme celui-ci, puis organiser la fête des Lumières ensuite.....Oui, j'aimerais.


https://www.dropbox.com/s/3riqdbv4gga2cnc/Vid%C3%A9o%2007-12-2015%2013%2045%2004.mov?dl=0

lundi 23 novembre 2015

L'empathie. Entre psychologie, phénoménologie, neurologie, la notion de conscience.

La conscience 

La conscience  de soi est une capacité réflexive propre à l'homme. Au XXème siècle, nous apprenons avec HUSSERL que le conscience ne se limite pas à la conscience de soi mais elle est aussi "conscience de", des objets extérieurs, du monde, des phénomènes.


 Le mot intentionnalité ne signifie rien d'autre que cette particularité foncière et générale qu'a la conscience d'être conscience de quelque chose.
HUSSERL   Idées directrices pour une phénoménologie
1913

La neuropsychologie

Il s'agit d'une science récente qui prend en compte toutes les fonctionnalités des différentes zones du cerveau, des neurones, en particulier des neurones miroirs, que l'on découvre grâce aux recherches par IRM, TEP,

La phénoménologie

s'intéresse à tous les vécus des personnes. C'est la science fondamentale par excellence, qui prend en compte tous les phénomènes y compris les manifestations de la conscience. A la suite de HUSSERL, nous pouvons dire : "Toute conscience est conscience de ..."

La psychologie

va se pencher sur les comportements et leur ancrage dans l'histoire familiale, sociale, du sujet. La psychologie s'occupe de l'extérieur mais pas de la conscience du sujet. Edith STEIN parlera de "psychologie sans âme" et se détournera de cette science. Elle lui laissera le soin de s'occuper des illusions. La psychologie ne prend pas en compte l'empathie.

L'empathie

serait la capacité de ressentir de l'intérieur, les vécus d'une personne autre que soi : émotions, sentiments, troubles, peurs, honte, lassitude, angoisse, joies, pensées, souvenirs, sensations, désirs, jugements, croyances, amour, haine, espoir ...
En dépassant la réalité contingente de la personne, j'accède par empathie à son intériorité.


Pour Edith STEIN

 L'empathie c'est "cette espèce d'actes intérieurs dans lesquels je saisis ce que l'autre est en train de vivre"

C'est l'expérience de la conscience d'autrui.

Il s'agit d'un double mouvement : une sortie de soi et une sortie hors de soi. Atteindre le vécu d'autrui tout en conservant l'altérité.

Devant la souffrance il n'y a pas de discours, la seule réponse est la capacité à entrer en empathie avec la personne pour pouvoir écouter, apporter réconfort et consolation.

 

 

Deux écueils sont à éviter pour pouvoir aider la personne et lui laisser le temps de se relever:

- la fusion : crée la confusion. Chacun doit rester autre. Je dois sentir la douleur de mon amie, mais ce n'est pas la mienne.
- l'isolation : en partant de l'exemple d'une personne en deuil. Si je lui dis : -Moi aussi, j'ai perdu quelqu’un, il y a longtemps.... A ce moment-là, je n'écoute plus la souffrance de l'autre ; je reste à ma propre expérience et je l'attribue à l'autre. Je juge la situation à partir de moi-même. Très courant de nos jours.

L'empathie est difficile.

 Il n'y a que Dieu qui peut connaître une personne complètement, dit Edith STEIN.
Il y a des personnes qui perçoivent tout de suite une tristesse derrière un sourire et d'autres pas du tout.
Le sourire de façade, volontaire. C'est un masque mais, c'est aussi une nécessité. Si nous étions tout le temps authentiques, ce serait invivable.
Mais si on n'a que des rôles à jouer, il faut bien pouvoir s'exprimer dans des lieux où on peut tomber la masque, laisser le rôle du socialement correct au vestiaire et autoriser les émotions à surgir sans jugements ou conseils excessifs.
D'où, l'intérêt des groupes de paroles.

Dans un groupe d'accompagnement de deuils, on accompagne également la richesse du deuil et pas seulement la douleur.
C'est dans le temps que nous apprenons à reconnaître la richesse de la nouvelle histoire qui responsabilise. Marie,  tout en douleurs, se tenait, debout, au pied de la croix avec Jean. Et nous connaissons la formidable histoire de l’Église en marche depuis la mort du Christ.


mardi 28 juillet 2015

MANESSIER L'art du silence intérieur

L'art abstrait participe à l'élévation vers la vérité, l'amour, la beauté au delà du didactique, du sentimental, de l'esthétique. 

 

Les variations de l'âme humaine en quête d'intériorité favorisent les jeux des courbes auxquelles s'accrochent les couleurs. Manessier veut un langage qui unit les révélations sensorielles avec les révélations spirituelles. Le symbole nous fait passer du monde extérieur au monde intérieur et le symbole abstrait nous invite et nous oblige à ressentir, à penser et à dire bien plus que l'art figuratif.


Manessier est très proche de Saint-Jean de la Croix, de cette nuit obscure de la Foi qui ne se satisfait d'aucune explication rationnelle, théologique ni d'aucune représentation sensible. La Foi chemine dans les nuits des sens et de l'Esprit et trouvera dans le Trèsfonds une lumière trans-figuratrice, bien au de-là du visible. Manessier a d'ailleurs, traduit en tapisseries monumentales, le Cantique Spirituel de Jean de la Croix.

Saint Paul nous parle aussi en ces termes: "en effet, nous cheminons dans la foi, non dans la claire vision." 2Co;5,7. 

Dans la tapisserie ci-dessous, nous voyons surgir, de gauche à droite en montant avec la diagonale, le fleuve de notre vie qui n'en finit de prendre sa source bien en amont de nous, dans les générations lointaines de nos histoires personnelles et qui conduit à l'infini après nous. Cette "obscure clarté" de la foi se révèle dans l'Amour véritable qui s'incarne au milieu des tourments de l'existence et nous les fait traverser. Chemins bleutés du désir d'aimer, obstacles grisés de nos empêchements, clarté blanchâtre de la Foi qui se faufile sans fin. La diagonale descendante, de gauche à droite bien tapie dans "le jardin intérieur" de nos consciences, méditations, pensées, prières portées par l'Amour va croiser l'élan infini de la Foi qui mettra en acte notre Charité.

Sans Amour, nous ne pouvons rien faire
Sans la Foi, nos œuvres sont vaines.




https://ladresseip.files.wordpress.com/2012/03/tapisserie-manessier.jpg


Texte et photos à venir

jeudi 9 juillet 2015

MANESSIER Le non-figuratif vivant

La lumière et sa vibration

Le  16 septembre 1943, à 31 ans, dans la pénombre du soir, à la Trappe de Soligny, Alfred Manessier est transformé pour la vie, en entendant les moines psalmodier les complies et entonner le Salve Regina.

« J’ai profondément ressenti le lien cosmique entre ce chant sacré (le Salve Regina) et cette nature, tout autour, qui s’enfonçait dans le crépuscule. Ces hommes qui chantaient étaient, peut-être, un peu décrochés du monde, mais ils étaient en état de vérité avec la nature. Je sentais, à les entendre, combien notre monde laïque a besoin de retrouver le sens du sacré... Sans doute, depuis longtemps, il y avait, au plus profond de moi, un monde secret d’angoisses métaphysiques ».



Quelques années plus tard, il crée un tableau à partir de cet évènement. Un plein-chant coloré de bleu et de rouge , le céleste et le terrestre dans un dialogue qui s'élève , monte dans l'allégresse de la couleur, le long de tuyaux d'orgue, vers le ciel. Le rythme des couleurs est savamment orchestré autour des verticales spirituelles. 
Je ne vois pas comment un tableau figuratif aurait pu rendre compte de cet évènement.Le non figuratif vivant ou ce que d'autres appellent l'abstraction est l'expression même de l'intériorité émotionnelle échappant à toute représentation.




Un peu plus tard, Manessier relit l'épisode de l'Annonciation du 1er chapitre de l’Évangile de Saint-Luc.
Bien évidemment, il nous peint un tableau sans ange Gabriel et sans Marie. Nous sommes tout entiers, plongés dans le trouble de Marie qui se demande bien comment ce que dit l'ange va advenir, elle qui ne connaît pas d'homme. La réponse de l'ange: " Le Saint Esprit viendra sur toi, et la puissance du Très Haut te couvrira de son ombre..." Marie ne comprend toujours pas. Il a fallu que Gabriel lui dise que sa cousine attend un enfant depuis 6 mois. Alors, là, Marie n'hésite plus; une réponse concrète est arrivée. Hâtivement, elle se rend chez Élisabeth. Et grâce à la rencontre d'Élisabeth, elle va chanter le Magnificat.

Une Annonciation

Encore un dialogue entre bleu et rouge.
 Entre Gabriel, représentant céleste et Marie en rouge bien vivante. Remarquons:
- les spirales signifiant l'émoi, l'interrogation, le doute, nos questionnements existentiels
- les obliques circulant jusqu'au sommet du tableau, trace du chemin de Marie, évocation du pélerinage de nos vies sur terre
- l'ébauche d'un toiture non fermée, ouverte sur l'infini. Maison ou demeure intérieure, et notre petite soeur Espérance?
- les échelles partout. Echelle de Jacob? La foi est un dialogue incessant entre notre Dieu personnel et nous-même dans l'aventure vers la transcendance. 
Pour cela, visiter Fourvière est à recommander avec un guide!
- les échelles enfin pour nous faire saisir que l'aventure spirituelle comporte des degrés. Sainte-Thérèse d' Avila nous a parlé des sept demeures de l'âme; Plus près de nous, Marthe Robin s'exclamait: "Mon aventure spirituelle, quelle ascension!"




Le tableau n'est pas entier sur cette photo; le tableau est visible au Musée des Beaux-Arts de Lyon avec deux autres toiles de Manessier sur les favelas de RIO.

samedi 2 mai 2015

MANESSIER et TEILHARD de CHARDIN

Le point Oméga ou la convergence vers la plénitude du Christ universel

 

L'offrande

Nous étions en train d'étudier le Psaume 8 avec Régine Maire et un groupe d'assidus à la lectio divina, en même temps que s'installait l'exposition.
Ce psaume nous raconte la Création et la responsabilité de l'homme face à cette Création. Dieu n'a pas eu peur de mettre l'homme, toute petite créature comparée à la grandeur des cieux comme maître de tous les vivants de la terre. Il nous rend ainsi co-créateur. Regardons le psaume bâti de manière concentrique, avec au centre:
        Quand je vois ton ciel, ouvrage de tes doigts

         La lune et les étoiles que tu fixas,

          Qu'est-ce que le mortel pour que tu penses à lui,
                    Le fils d' Adam, que tu en prennes souci? 

                    Tu l'as voulu un peu moindre qu'un dieu

                    Le couronnant de gloire et d'honneur

                    Tu l'établis sur les oeuvres de tes mains,

                    Tu mets toute chose à ses pieds:....

Et si cet apparence concentrique du texte était plutôt un cône qui se déploie dans l'espace, cône de l'évolution où la matière se densifie, se complexifie vers le point de toutes les convergences,  Oméga du Christ.

Seul, donc le Christ, "par la double vertu de sa croix et de sa Résurrection" est capable de mener à leur terme , en les "amorisant", "aussi bien les puissances de croissance et de vie que les puissances de diminution et de mort, au cœur de la Noogénèse où nous nous trouvons pris". Henri de Lubac la pensée religieuse de Teilhard de Chardin Page 175.



lundi 16 mars 2015

FOURVIERE, L'EXPOSITION d'Alfred MANESSIER, Hymne à la joie

MANESSIER Une exposition sur la joie créatrice


A Camille BOURNIQUEL, Alfred MANESSIER avait déjà expliqué, en 1946 : « Je commence à peindre quand je ressens une coïncidence très étroite entre le spectacle que j’ai sous les yeux et un état intérieur. Cette correspondance déclenche une joie créatrice, que j’ai envie et besoin d’exprimer ».

Une œuvre d’art de MANESSIER se présente souvent comme une chorégraphie où le mouvement des formes est rythmé par les couleurs. 

Il parle lui-même de symphonie, d’hymne à la joie.  C’est ainsi que cet « Alleluia » nous invite à chanter en observant la subtilité des nuances qui se côtoient avec tant de légèreté et se répondent dans une dialectique argumentant sur le bonheur, la renaissance du printemps ou la résurrection du Christ. 
La joie ressentie intimement en regardant la toile explose, devient ex-statique et rejaillit tout autour de nous. La beauté nous délivre de notre repli sur soi. L'Art Abstrait nous libère de la figuration et fait parler le cœur.
Timbre



Les merveilles de cette exposition sont les deux séries de lithographies autour de la Passion du Christ.

La série plus encadrée de 1947, plus figurative aussi, de 7 lithographies nous offre une Résurrection du Christ semblable à un soleil cosmique (allusion à Teilhard de Chardin) rejetant les froides ténèbres traversées, ténèbres de la Passion et de la descente aux enfers dixit le Père Regamey. La série se termine par la rencontre délicieusement suggérée  de JESUS-CHRIST ressuscité et de MARIE-MADELEINE au matin de Pâques. Les couleurs de même tonalité nous enchantent dans la sérénité de savoir le Christ toujours présent à nos côtés, sur les chemins du monde.

 



Celle de 1973 se veut libre, exprimée avec puissance et énergie. La maîtrise et la force du geste de l’artiste traduisent une longue méditation des passages évangéliques. L’affrontement des forces contraires vécu par l’homme JESUS, notre semblable en humanité, nous remue au plus intime de nous-même.








Les lithographies se succèdent et nous revivons toutes les scènes de ce chemin de la Passion. Je suis époustouflée par cette croix blanche suggérée par les autres couleurs ; elle traverse le quotidien de nos vies et se charge des noirceurs de tous les hommes tout en gardant sa pureté. Depuis 2000 ans, cette croix de la paix est ballottée sur l'espace et le temps de l'histoire.
Puis les trois croix se dressent comme aspirées par le ciel et ces trois croix vont juger le monde. Depuis 2000 ans, la croix de Jésus et celle des deux larrons ne cessent de nous regarder. 

JOSEPH d'ARIMATHIE a tout suivi, en secret, pour ne se pas faire voir des juifs, mais, audacieux, il va demander à PILATE de descendre le corps de JESUS ; et NICODEME est bien là pour l’aider, lui le pharisien érudit, qui médite la Torah sous le figuier. Il avait approché Jésus mais de nuit, bien sûr. Il lui aura fallu tout le temps de l’évangile pour se convertir.




La nuit de la Foi



Le tombeau va se craqueler, se vider sous la force de la lumière christique. La pesante pierre de nos certitudes a roulé. Et puis, Voilà les femmes et enfin, voici MARIE-MADELEINE en pleurs et complètement retournée. Elle va emprunter tant de chemins pour dire sa joie et nous persuader de la victoire de l’Amour. Les croix blanches de la paix et de la joie du coeur s'envolent de par le monde.


Merci Monsieur MANESSIER