mercredi 29 octobre 2014

EVARISTO, Autoportrait avec Encarnación

Encarnación

Autoportrait avec Encarnación de 1979



A 13 ans, EVARISTO part avec sa mère et sa sœur, fuyant les dérives fascistes des politiques espagnoles. Durant ses années d’Exode, de douleurs, l’adolescent garde au plus profond de sa mémoire, le souvenir de cette représentation d’un tableau (probablement de MURILLO, dit-il) accrochée au mur de sa chambre d’enfant.
EVARISTO, jeune homme, arrive à Lyon. Il n’a pas le goût de s’apitoyer sur son sort, il travaille en usine et dans ses moments libres, il se rend au Musée des Beaux-Arts, découvre cette fois, le monde en grand de l’Art. Ses compatriotes, Zurbaran, Vélasquez,  El Greco …. Il peint.
Puis, il rencontre Encarnación qu’il va épouser.
J’observe le tableau Autoportrait avec Encarnación de 1979.
Il met en scène Evaristo et Encarnación. Ils sont habillés comme des grands de la Cour d’Espagne en plein âge d’or. Encarnación le domine majestueusement avec sa coiffe en cornette en vogue au XVIème siècle. Pas de doute, il lui fait confiance.
L’iris rouge, couleur inhabituelle pour cette fleur, symbolise-t-il  l’amour que ces deux êtres se portent mutuellement ?  EVARISTO cultivait en son jardin, des lys et des iris et en a, sans doute, offert un à sa femme. Le tiers inférieur du tableau est traversé par le long bras d’Encarnación, tout d’une pièce. L’accueil de la fleur est marqué par ce bras qui rejoint son mari et lui sert de protection. Encarnación  maîtrisant parfaitement son rôle d’épouse, semble lui dire : « Chevalier, j’accepte votre amour et je vous offre mon cœur ».  Nous retrouvons chez de nombreux peintres, l’expression de  cette position rassurante, protectrice sans être enveloppante du bras. Ici, à Fourvière, on se rappelle bien de Rouault. Et le geste de la main présentant une fleur, c’était souvent un œillet parfois une rose, chez Rembrandt, Dürer, ….
Je suis de plus en plus subjuguée par ce tableau. EVARISTO peint son propre regard sur sa femme et en même temps, il traduit l’étonnement qu’il ressent face à la vérité de ses sentiments qui vont être donnés à voir au spectateur, à travers l’œuvre. Les grands yeux ronds, sa petite taille, son humilité devant l’ampleur de la tâche.  La vie en vérité. Cette œuvre traduit, la vérité du couple, la force de l’amour traversant les crises du quotidien, empruntant les chemins de l’Histoire. Le couple, l’amour qui fécondent la vie et l’Art. Il a habillé cette idée avec des costumes de la cour espagnole, sorte d’hommage à ses ancêtres pour nous dire que cette entité transcende les âges.
Encarnación insolite pèlerin
Pas de fusion dans ce tableau, deux vies singulières marquées par l’oblique verticale. Deux vies qui vont structurer, fonder, créer l’unité, la force, l’existence, la vie d’un couple aussi semées d’embûches soient-elles. Nul décor, uniquement le plaisir esthétique rendu par le vêtement, clin d’œil du passé dans l’actuel de nos vies.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire