lundi 23 novembre 2015

L'empathie. Entre psychologie, phénoménologie, neurologie, la notion de conscience.

La conscience 

La conscience  de soi est une capacité réflexive propre à l'homme. Au XXème siècle, nous apprenons avec HUSSERL que le conscience ne se limite pas à la conscience de soi mais elle est aussi "conscience de", des objets extérieurs, du monde, des phénomènes.


 Le mot intentionnalité ne signifie rien d'autre que cette particularité foncière et générale qu'a la conscience d'être conscience de quelque chose.
HUSSERL   Idées directrices pour une phénoménologie
1913

La neuropsychologie

Il s'agit d'une science récente qui prend en compte toutes les fonctionnalités des différentes zones du cerveau, des neurones, en particulier des neurones miroirs, que l'on découvre grâce aux recherches par IRM, TEP,

La phénoménologie

s'intéresse à tous les vécus des personnes. C'est la science fondamentale par excellence, qui prend en compte tous les phénomènes y compris les manifestations de la conscience. A la suite de HUSSERL, nous pouvons dire : "Toute conscience est conscience de ..."

La psychologie

va se pencher sur les comportements et leur ancrage dans l'histoire familiale, sociale, du sujet. La psychologie s'occupe de l'extérieur mais pas de la conscience du sujet. Edith STEIN parlera de "psychologie sans âme" et se détournera de cette science. Elle lui laissera le soin de s'occuper des illusions. La psychologie ne prend pas en compte l'empathie.

L'empathie

serait la capacité de ressentir de l'intérieur, les vécus d'une personne autre que soi : émotions, sentiments, troubles, peurs, honte, lassitude, angoisse, joies, pensées, souvenirs, sensations, désirs, jugements, croyances, amour, haine, espoir ...
En dépassant la réalité contingente de la personne, j'accède par empathie à son intériorité.


Pour Edith STEIN

 L'empathie c'est "cette espèce d'actes intérieurs dans lesquels je saisis ce que l'autre est en train de vivre"

C'est l'expérience de la conscience d'autrui.

Il s'agit d'un double mouvement : une sortie de soi et une sortie hors de soi. Atteindre le vécu d'autrui tout en conservant l'altérité.

Devant la souffrance il n'y a pas de discours, la seule réponse est la capacité à entrer en empathie avec la personne pour pouvoir écouter, apporter réconfort et consolation.

 

 

Deux écueils sont à éviter pour pouvoir aider la personne et lui laisser le temps de se relever:

- la fusion : crée la confusion. Chacun doit rester autre. Je dois sentir la douleur de mon amie, mais ce n'est pas la mienne.
- l'isolation : en partant de l'exemple d'une personne en deuil. Si je lui dis : -Moi aussi, j'ai perdu quelqu’un, il y a longtemps.... A ce moment-là, je n'écoute plus la souffrance de l'autre ; je reste à ma propre expérience et je l'attribue à l'autre. Je juge la situation à partir de moi-même. Très courant de nos jours.

L'empathie est difficile.

 Il n'y a que Dieu qui peut connaître une personne complètement, dit Edith STEIN.
Il y a des personnes qui perçoivent tout de suite une tristesse derrière un sourire et d'autres pas du tout.
Le sourire de façade, volontaire. C'est un masque mais, c'est aussi une nécessité. Si nous étions tout le temps authentiques, ce serait invivable.
Mais si on n'a que des rôles à jouer, il faut bien pouvoir s'exprimer dans des lieux où on peut tomber la masque, laisser le rôle du socialement correct au vestiaire et autoriser les émotions à surgir sans jugements ou conseils excessifs.
D'où, l'intérêt des groupes de paroles.

Dans un groupe d'accompagnement de deuils, on accompagne également la richesse du deuil et pas seulement la douleur.
C'est dans le temps que nous apprenons à reconnaître la richesse de la nouvelle histoire qui responsabilise. Marie,  tout en douleurs, se tenait, debout, au pied de la croix avec Jean. Et nous connaissons la formidable histoire de l’Église en marche depuis la mort du Christ.